Réalisatrice originale, Anne
Fontaine s'est illustrée avec une série de films mettant en scène le personnage
lunaire d'Augustin, interprété par son frère. En 2008, elle signe La Fille de Monaco, dont on peut
apprécier la façon dont il mélange des genres et la subtilité de son scénario.
Dans le film d'Anne Fontaine,
la personnalité des comédiens et l'identité des personnages s'irriguent et se
confondent. La dite fille de Monaco, c'est Audrey, une miss météo bimbo qui
frappe par son naturel et son pétillement, un véritable rôle d'auto parodie
pour son actrice Louise Bourgoin. Face à cette femme fatale des temps modernes,
Bertrand, (joué par l'obséquieux Fabrice Luchini), avocat normalement beau
parleur, reste coi. Bertrand est tout l'inverse de Christophe (Roschdy Zem),
l'agent de sécurité chargé de veiller sur lui, l'avocat étant fraichement
arrivé à Monaco pour plaider. Alors que Bertrand est bourgeois et affable,
Christophe, issu de l'immigration, est mutique et taciturne. Mais l'amour
commun de cette femme va les réunir.
Jouant sur les différences
sociales (entre l'avocat et le garde du corps) et sexuelles (le quarantenaire
timide et la vingtenaire sexy), La Fille
de Monaco nous propose une modernisation de La Femme et le Pantin, doublé d'une dialectique du maitre et de
l'esclave. Bertrand, que Christophe appelle "maître" (comprendre en
premier lieu avocat), va pourtant devenir asservi par la femme tentatrice.
L'"esclave" s'insurge que le maitre tombe aussi bas et devienne le
jouet d'une fausse idiote. Et la comédie tournera au drame policier lorsque
Christophe décide d'assassiner Audrey. Les liens tissés entre le riche et le
pauvre, le cultivé et l'inculte, retournent la situation, Bertrand acceptant finalement
de payer pour Christophe. Dans le théâtre volontairement artificiel de Monaco,
la raison l'emportera finalement sur l'irresponsabilité, au prix d'une certaine
amertume, bien éloignée de la légèreté qui régnait au début du film.
08.01.13.