jeudi 24 janvier 2013

La Fille de Monaco (2008) d'Anne Fontaine

Réalisatrice originale, Anne Fontaine s'est illustrée avec une série de films mettant en scène le personnage lunaire d'Augustin, interprété par son frère. En 2008, elle signe La Fille de Monaco, dont on peut apprécier la façon dont il mélange des genres et la subtilité de son scénario. 
Dans le film d'Anne Fontaine, la personnalité des comédiens et l'identité des personnages s'irriguent et se confondent. La dite fille de Monaco, c'est Audrey, une miss météo bimbo qui frappe par son naturel et son pétillement, un véritable rôle d'auto parodie pour son actrice Louise Bourgoin. Face à cette femme fatale des temps modernes, Bertrand, (joué par l'obséquieux Fabrice Luchini), avocat normalement beau parleur, reste coi. Bertrand est tout l'inverse de Christophe (Roschdy Zem), l'agent de sécurité chargé de veiller sur lui, l'avocat étant fraichement arrivé à Monaco pour plaider. Alors que Bertrand est bourgeois et affable, Christophe, issu de l'immigration, est mutique et taciturne. Mais l'amour commun de cette femme va les réunir. 
Jouant sur les différences sociales (entre l'avocat et le garde du corps) et sexuelles (le quarantenaire timide et la vingtenaire sexy), La Fille de Monaco nous propose une modernisation de La Femme et le Pantin, doublé d'une dialectique du maitre et de l'esclave. Bertrand, que Christophe appelle "maître" (comprendre en premier lieu avocat), va pourtant devenir asservi par la femme tentatrice. L'"esclave" s'insurge que le maitre tombe aussi bas et devienne le jouet d'une fausse idiote. Et la comédie tournera au drame policier lorsque Christophe décide d'assassiner Audrey. Les liens tissés entre le riche et le pauvre, le cultivé et l'inculte, retournent la situation, Bertrand acceptant finalement de payer pour Christophe. Dans le théâtre volontairement artificiel de Monaco, la raison l'emportera finalement sur l'irresponsabilité, au prix d'une certaine amertume, bien éloignée de la légèreté qui régnait au début du film.
 
08.01.13.