Après L'inconnu de Las Vegas (1960) de Lewis Milestone et avant Les Sept voleurs de Chicago (1964) de
Gordon Douglas, Les Trois Sergents
réunit le "rat pack" au grand complet: Frank Sinatra, Dean Martin,
Sammy Davis Jr., Peter Lawford et Joey Bishop. Le film de Sturges est un remake
du Gunga Din (1939) de George
Stevens, transposé dans un cadre westernien, Sinatra, Martin et Lawford,
remplaçant respectivement Victor McLaglen, Cary Grant et Douglas Fairbanks Jr.
Le scénario de William Riley Burnett, reprend les mêmes grandes lignes que le
film de Stevens, remplaçant les tribus indiennes par les indiens d'Amérique, le
culte du Thug par les "ghost dancers" et le Gunga Din, le porteur
d'eau indien, par le clairon noir.
Sorti deux ans après Le Grand Sam d'Henry Hathaway, Les Trois Sergents, comme le futur Grand McLintock (1963) d'Andrew
McLaglen, s'inscrit dans une veine de westerns comiques et bons enfants. Comme
les autres films du rat pack, Les Trois
Sergents s'avère un film très décontracté: on sent que Sinatra s'entoure sa
bande de potes, on s'amuse de l'alcoolisme de Dean Martin (qui joue aussi avec
des pétards...), on laisse cabotiner Sammy Davis Jr. et on se moque du sérieux britannique
de Peter Lawford. Autre détail significatif: alors que le Gunga din du film de
Stevens mourrait, le clairon joué par Sammy Davis Jr. ne sera que blessé.
Mettant en avant le jeu comique des membres du
rat pack, Les Trois Sergents apparait
comme une blague aussi bête que futile. On a l'impression de regarder une bande
dessinée, un album de Lucky Luke ou
des Tuniques bleues, tant le film
accumule les clichés du western de façon innocente: attaque des indiens,
découverte de la ville fantôme, bagarre de saloon... La description de la
cavalerie (la traversée du désert, le bal des officiers, l'amitié virile entre
les sergents) fait penser aux films de Ford. Mais, comme à son habitude, John
Sturges privilégie l'action et certaines scènes, cascades ou explosions, sont
impressionnantes. Le tout est sublimé par le tournage en décors naturels (à
l'exception, à la fin du film, de la cachette des indiens, malheureusement en
carton pâte). C'est un donc un spectacle pour le moins sympathique que nous
propose Les Trois Sergents.
02.01.13.