Avec Closer, Mike Nichols montre qu'il n'a rien perdu de l'esprit
corrosif qui animait des films tels que Qui
a Peur de Virginia Woolf ? (1966), Le
Lauréat (1967) ou Catch 22
(1970). Adaptation d'une pièce à succès anglaise écrite par Patrick Marber, Closer expose un chassé-croisé entre
deux couples où sentiments, haine et amours cohabitent. Larry, médecin, aime
Anna, photographe, qui le trompe avec Dan. Alice, strip-teaseuse, aime Dan,
écrivain et manipulateur, mais le trompe quand même avec Larry.
Comme dans le futur Match Point (2005) de Woody Allen, le
Londres de Closer devient le lieu des
tromperies et des hypocrisies. Heritant des conventions théâtrales elliptiques
(découpage en actes), Mike Nichols filme un huis-clos en jouant (au montage)
sur le temps: six mois, un an, passent en une seconde, le temps d'une scène à
l'autre, laissant au spectateur le soin de comprendre la persistance des
ruptures, des mesquineries et du désir.
Le film semble indiquer que,
au début du XXIème siècle, les relations hommes/femmes ne paraissent pas avoir évoluées:
les hommes (interprétés pas des anglais), jaloux et possessifs, sont obnubilés
par la pureté sexuelle de leurs conjointes alors que les femmes (interprétées
par des américaines) sont expertes en mensonges. Le sexe apparait comme le
poison des relations amoureuses. Le monde moderne, lui même, est asservi par
cette culture du sexe: on en voit l'illustration avec le "cybersexe"
qu'emploient les protagonistes. Les membres du couple pensent être
"close", proches les uns des autres. Mais à y voir de plus près, à y
voir "closer", ceux qui pensent se connaitre se méprennent. Et c'est justement
l'étranger dans le couple qui fait naître le désir chez chacun.
Cruel regard sur notre société
contemporaine, Closer est un film
glacial dont la brillante interprétation en vient à faire oublier l'origine
théâtrale de l'œuvre.
01.01.13.