vendredi 11 janvier 2013

Closer / Closer, entre adultes consentants (2004) de Mike Nichols


Avec Closer, Mike Nichols montre qu'il n'a rien perdu de l'esprit corrosif qui animait des films tels que Qui a Peur de Virginia Woolf ? (1966), Le Lauréat (1967) ou Catch 22 (1970). Adaptation d'une pièce à succès anglaise écrite par Patrick Marber, Closer expose un chassé-croisé entre deux couples où sentiments, haine et amours cohabitent. Larry, médecin, aime Anna, photographe, qui le trompe avec Dan. Alice, strip-teaseuse, aime Dan, écrivain et manipulateur, mais le trompe quand même avec Larry. 

Comme dans le futur Match Point (2005) de Woody Allen, le Londres de Closer devient le lieu des tromperies et des hypocrisies. Heritant des conventions théâtrales elliptiques (découpage en actes), Mike Nichols filme un huis-clos en jouant (au montage) sur le temps: six mois, un an, passent en une seconde, le temps d'une scène à l'autre, laissant au spectateur le soin de comprendre la persistance des ruptures, des mesquineries et du désir. 

Le film semble indiquer que, au début du XXIème siècle, les relations hommes/femmes ne paraissent pas avoir évoluées: les hommes (interprétés pas des anglais), jaloux et possessifs, sont obnubilés par la pureté sexuelle de leurs conjointes alors que les femmes (interprétées par des américaines) sont expertes en mensonges. Le sexe apparait comme le poison des relations amoureuses. Le monde moderne, lui même, est asservi par cette culture du sexe: on en voit l'illustration avec le "cybersexe" qu'emploient les protagonistes. Les membres du couple pensent être "close", proches les uns des autres. Mais à y voir de plus près, à y voir "closer", ceux qui pensent se connaitre se méprennent. Et c'est justement l'étranger dans le couple qui fait naître le désir chez chacun. 

Cruel regard sur notre société contemporaine, Closer est un film glacial dont la brillante interprétation en vient à faire oublier l'origine théâtrale de l'œuvre. 

01.01.13.