mercredi 12 juin 2013

Yakuza no hakaba: Kuchinashi no hana / Yakuza Graveyard (1976) de Kinji Fukasaku

Avec Hokuriku Proxy War (1977), Yakuza Graveyard est l'un des derniers jitsuroku (film de yakuza moderne) réalisés par Kinji Fukasaku pour la Toei. Moins désespéré que Le Cimetière la Morale, Yakuza Graveyard s'inscrit davantage come une variante de Police contre Syndicat du Crime.
 
Interprété par Tetsuya Watari, le personnage principal de Yakuza Graveyard, un flic ripoux qui finit par se ranger du côté des yakuza, évoque en effet celui de Police contre Syndicat du Crime, film qui développait déjà la thématique des frontières poreuses entre le comportement des policiers et celui des gangsters. Ici, la violence du détective Kuroiwa, interprété par Testuya Watari, est matérialisée par le geste nerveux du personnage qui frappe régulièrement son poing dans sa main. Comme dans Police contre Syndicat du Crime, le personnage est devenu flic pour survivre dans le Japon de l'après-guerre et, face à une police corrompue, il va préférer se lier "par le sang" à un frère du milieu: cette déviance le mènera naturellement à sa perte.
 
Si Yakuza Graveyard peut apparaître comme une redite pour celui aurait vu Police contre Syndicat du Crime, le film se distingue néanmoins par quelques éléments. Du point de vue dramatique, le film engage une critique sociale et met en scène des personnages victimes de discriminations: Kuroiwa, qui vient de Mandchourie, trouve du réconfort chez une métis d'origine coréenne (cette romance, plutôt rare chez Fukasaku, fait penser à Okita le Pourfendeur). Du point de vue de la distribution, on notera la présence de Meiko Kaji, actrice qui s'est illustrée dans la série des Elle s'appelle Scorpion et Lady Snowblood. Dans un furtif seconde rôle de chef de la police, le réalisateur Nagisa Oshima trouve lui parfaitement sa place dans le cinéma nihiliste et violent de Fukasaku.
 
Thématiquement, le cinéma de Fukasaku  semble s'essouffler avec Yakuza Graveyard. Le film n'en demeure pas moins impressionnant, le cinéaste excellant, comme à sa habitude, dans une mise en scène tonitruante: caméra à l'épaule virevoltante, crudité de la violence, musique endiablée de Toshiaki Tsushima, sanglant massacre final... Fukasaku se livre même à une scène lyrique et romantique sur la plage. Ne boudons pas notre plaisir, Yakuza Graveyard est tout de même un jitsuroku eiga très convaincant.
 
04.06.13.