Sorti diplômé de l'IDHEC en
1984 (dans "réalisation et prises de vue"), Arnaud Desplechin
commence sa carrière en travaillant sur la photographie de plusieurs films dont
ceux d'Eric Rochant. En 1990, il tourne La Vie des morts, un
moyen-métrage de 50 minutes. Présenté à Cannes, le film est un succès critique
et remporte le prix Jean-Vigo du court métrage. Pour ce film, Desplechin réunit
les comédiens qui formeront sa petite « troupe » (Marianne Denicourt,
Emmanuelle Devos, Emmanuel Salinger et Thibault de Montalembert) et marque la
première collaboration avec le directeur de la photographie Eric Gautier et le
producteur Pascal Caucheteux et sa société Why Not Productions.
L'intrigue de La Vie des
morts tourne autour d'une réunion de famille dans une maison de province,
après la tentative de suicide de l'un des cousins. Dans une approche auteuriste,
La Vie des morts aborde des
thématiques chères à l'œuvre de Desplechin : la mort et la famille. Un
sentiment de mort pèse dans la maison: s'il s'agit d'une réunion de famille, ce
rassemblement ressemble en réalité à un enterrement. Comme Mathias dans La
Sentinelle, Pascale prend à cœur le respect de "la vie des
morts": d'un côté, elle ne veut pas brusquer la mort de son cousin ; de
l'autre, elle comprend son choix et le salue.
L'autre thématique majeure explorée dans La Vie des morts est
celle récurrente chez Desplechin de la famille. Comme dans La Sentinelle
ou Roi et Reine, la famille de La Vie des morts apparaît comme un groupe soudé mais
étouffant, où l'individualité l'emporte sur la cohésion et la solidarité. On
sent que La Vie des morts est un film personnel pour son auteur qui sait
recréer le climat d'une vie de famille provinciale (Desplechin est originaire
de Roubaix). La Vie des morts peut d'ailleurs être vu comme un brouillon
d’un Conte de Noël, où une réunion de famille est également troublée par
l'ombre de la mort (la mère est atteinte d'un cancer).
12.10.13.