Cousin de Jean-Pierre
Melville, Michel Drach commence sa carrière en tant qu'assistant-réalisateur
sur le tournage du Silence de la Mer
(1949) et des Enfants terribles (1950).
On n'enterre pas le dimanche est le
premier long métrage de Drach après quelques courts métrages.
Un film proche de la Nouvelle Vague. Sorti en 1960, le film
assimile les caractéristiques de la Nouvelle Vague naissante: tournage en
extérieur à Paris avec des jeunes comédiens non professionnels, caméra mobile,
emploi d'une bande-son jazz (signée ici par le batteur américain Kenny Clarke),
goût du littéraire (le personnage principal devient écrivain) et adaptation
d'un roman noir (écrit par le français Fred Kassek) qui révèle néanmoins un amour
de la culture américaine. Néanmoins, si On
n'enterre pas le dimanche se rapproche des films de la Nouvelle Vague, il
s'en démarque aussi car il n'apparaît à aucun moment comme un film amateur.
Les noirs dans le cinéma français. Plus que son style (usuel bien
que jeune dans le cinéma de l'époque), l'originalité de On n'enterre pas le dimanche réside surtout dans son personnage
principal, Philippe, un jeune noir d'origine martiniquaise qui essaye de
trouver sa place dans la capitale. Michel Drach nous donne ainsi à voir un des
rares exemples de représentation des noirs dans le cinéma français (si l'on
excepte l'exotisme de Joséphine Baker ou l'exemple récent d'Omar Sy)[1].
Un an après Moi un noir (1958) de
Jean Rouch et un an avant Un cœur gros
comme ça (1961) de François Reichenbach, le prix Louis-Delluc qui
récompense le film de Drach est donc de nouveau décerné à un film sensible à la
question de la représentation de la population noire dans le cinéma français.
Un regard critique sur la société française. Rejeté par la société,
Philippe est d'abord réduit à des tâches secondaires: après un boulot de
gardien au musée Grévin, il devient une publicité vivante pour "Rozana"
et déambule dans les rues de Paris dans une bouteille géante. Il ne trouve de
l'affection qu'auprès d'une suédoise, qui n'est pas choquée par sa couleur de
peau parce qu'elle est étrangère. Philippe parvient à placer sa petite amie
dans une famille bourgeoise (le mari est un éditeur condescendant, son épouse
une vamp délurée) en tant que fille au pair. Les différences sociales vont
perpétuer la discrimination raciale dont il était victime et vont l'entraîner
dans une intrigue criminelle. Le film s'apparente donc aussi à un film noir,
avec des séquences archétypales comme la scène de l'interrogatoire de police ou
l'assassinat en bord de route à la campagne. En utilisant les codes d'un cinéma
de genre, Michel Drach en profite pour mieux placer son regard critique sur la
société française de l'époque.
15.12.13.
[1]
L'acteur noir, Philippe Mory, a réalisé un film: Les Tams Tams se sont tus (1972), tourné en Afrique, est un œuvre
militante dans l'ère post-colonialiste. La
bande-son est signée par le saxophoniste Manu Dibango. Le film est édité par
Arte vidéos.