Un des représentants de
l'actuel cinéma indépendant américain, Richard Linklater est célèbre pour Slacker (1991), tourné dans sa ville
natale Austin dans le Texas, et pour la série des Before Sunrise (1995), Before
Sunset (2004) et Before Midnight
(2013). En 2008, il tourne en un film sur la mise en production du Jules César
de Shakespeare par le Mercury Theater d'Orson Welles dans le New York de 1937.
Pour éviter de rentrer de
plein pied dans le biopic, on suit Richard, un jeune lycéen, qui se joint à la
troupe de Welles. En introduisant ce personnage d'apprenti, le scénario se
double d'un récit d'apprentissage. De plus, ce personnage apparaît comme un
avatar du spectateur, un témoin fictif de la véritable histoire, comme pour
mieux nous initier. Le monde du théâtre est aussi un autre sujet majeur du
film, qui détourne un temps le spectateur d'Orson Welles, le film empruntant alors
la trame d'un backstage musical (avec répétition du spectacle et suspense quant
à sa réussite avant le succès de la première).
Malgré ces précautions, le
film n'échappe pas aux conventions du biopic avec reconstitution soignée (et musique
d'époque) et dramaturgie privilégiant la montée en célébrité de la personnalité
étudiée. Volubile et prétentieux, cigare aux lèvres, le Orson Welles que nous
propose le film de Linklater est conforme aux images caricaturales que l'on se
fait du réalisateur de Citizen Kane.
Personnalité du cinéma, Orson Welles devient un véritable personnage de cinéma
après des films comme The Night That Panicked America (1975, Joseph Sargent, TV film sur
l'émission radio de La Guerre des Mondes qui, selon la légende, effraya
New York), RKO 281 (1999, Benjamin Ross, TV film sur le tournage
mouvementé de Citizen Kane) et Fade to Black (2006, Oliver
Parker, thriller romancé autour de la figure de Welles).
Classique mais sans surprise, Moi et Orson Welles a le mérite de
dévoiler une partie méconnue de la carrière du cinéaste. C'est une illustration
sage, sûrement inutile, mais qui se regarde avec plaisir.
25.01.14.