Après The Messenger (2009), remarquable film sur les soldats chargés
d'annoncer aux familles le décès des victimes tombées au combat, Oren Moverman
aborde de nouveau un sujet douloureux avec Rampart
qui parle des violences commises par la police.
Coécrit avec le romancier
James Ellroy, le film de Moverman se centre sur Dave Brown, membre de la LAPD,
la police de Los Angeles. L'officier Brown, raciste et violent, est poursuivi
par la justice après avoir brutalement molesté un suspect, la bavure ayant été
enregistrée par une caméra de surveillance. Faisant référence aux scandales de
la police de LA dans le quartier de Rampart à la fin des années 90, le film
évoque également l'affaire de Rodney King: Ellroy, habitant et chantre des
histoires noires de la "cité des anges", évoquait déjà l'affaire dans
son scénario (original) de Dark Blue
(2002), réalisé par Ron Shelton. En décrivant le quotidien sordide la LPDA,
Ellroy devient l'héritier de Joseph Wanbaugh, l'auteur des Nouveaux centurions.
Rampart dresse un portrait sans concession: le personnage du
policier, les nerfs à vif sur son crâne chauve, répugne le spectateur. La
froideur du flic empêche toute assimilation au personnage et le film refuse toute
fascination ambigüe que peuvent engendrer certains films comme L'Inspecteur Harry. S'éloignant des
archétypes des films centrés sur des policiers, le film accorde un place plus
importante que d'habitude pour développer la difficile vie familiale du flic:
ici, il peine à trouver sa place dans une famille étrange, où il vit avec deux sœurs,
qui ont été tour à tour ses épouses.
Le pathétique du personnage
qui s'enfonce peu à peu dans la folie et la solitude émeut: Rampart n'est pas un film policier avec
des scènes d'action (le film refoule d'ailleurs de façon étonnante toute
manipulation et théorie du complot, qui ne naissent que de la névrose du
personnage) mais s'avère bien un film psychologique sur un homme égaré et
malade. Le film se démarque des autres films sur Los Angeles en ne montrant que
la ville de jour et de façon réaliste. Le film baigne constamment dans une
lumière âpre, à l'image de son personnage principal, nu dans sa folie, seul
dans son errance.
13.01.14.