Après Insomnia (2002) de Christopher Nolan et La Recrue (2003) de Roger Donaldson, Al Pacino poursuit sa veine polar avec 88 minutes. Avec son scénario idiot, ses acteurs médiocres et sa mise en scène hystérique, le film
de John Avnet (anagramme de navet comme l'a souligné un critique) s'avère un
très mauvais spectacle.
L'intrigue de 88 minutes veut s'inscrire dans la
lignée des thrillers nerveux comme la série des 24h Chrono, insistant sur l'unité temporelle de l'action. Dans 88, Al Pacino joue un universitaire expert
en psychiatrie criminelle dont l'avis a fortement influencé un jury pour
condamner à mort un homme suspecté d'être un tueur en série. Le jour de l'exécution,
Pacino reçoit un coup de fil anonyme lui indiquant qu'il ne lui reste plus que
88 minutes à vivre. L'idée du compte à rebours de la mort annoncée nous fait penser
à Mort à l'Arrivée (1950) de Rudolph
Maté.
La communication téléphonique
d'Al Pacino ouvre le bal absurde, voire fascinant, de 88 minutes. Du haut de ses 67 ans, Pacino, accro à son portable,
court partout à travers la ville de Seattle pour retrouver le coupable et
s'agite pour comprendre l'inexplicable. On assiste à une accumulation des
péripéties (alerte à la bombe, agression, accident de voiture, explosion...) et
à une multiplication grotesque de
fausses pistes (Pacino suspecte tous ses différents élèves) qui conduit à une
certaine paranoïa. Tel un vrai nanar, le film collectionne les détails
inutiles: un fax est cassé, Pacino demande à une personne âgée si tout va bien
lors d'un incendie, un gardien d'immeuble paraît louche.... La mise en scène de
la chasse à mort contre Pacino, orchestrée depuis sa prison par le serial
killer (méchant très convenu qui rit aux éclats de ses méfaits au téléphone)
est abracadabrantesque. L'invraisemblance culmine lorsqu'un flic interpelle
Pacino, lui explique qu'on a retrouvé son sperme dans un cadavre, puis le
laisse partir.
Au mauvais suspense (cf violente scène du crime au début, filmée en
caméra subjective) s'ajoute aussi un lyrisme mélodramatique de mauvais augure:
sa sœur ayant été assassinée dans le passé, Pacino pleurniche en écoutant la
bande-son du crime avant de voir des flash back au ralenti de sa frangine
courant sur la plage. Dans ce condensé de nanarderie, on en oublie le conflit
sous-jacent du récit qui serait la possible critique de la psychiatrie
criminelle. La conclusion s'achemine en fait vers une affirmation de la lutte
fasciste contre les tueurs en série, dangereux criminels qui méritent la peine
de mort, purement et simplement.
29.12.12.