Witness est le premier film américain de l'australien Peter
Weir. Comme son titre l'indique, le film met en scène un personnage classique
du film policier, celui du témoin d'un crime, recherché par les meurtriers qui veulent
l'éliminer pour le faire taire. En l'espèce, le "witness" n'est autre
qu'un enfant de huit ans, membre de la communauté Amish et élevé par une mère
veuve. Pour défendre l'enfant et sa mère des représailles d'une police
corrompue, un policier s'introduit dans leur communauté.
Dans
ce thriller, l'aspect criminel est toutefois très en retrait: en effet, le film
se centre principalement sur l'acclimatation d'un "english man" (nom
donné à une personne étrangère au groupe) dans une communauté amish de Pennsylvanie.
Le film de Weir porte un regard attentif et plutôt documentaire sur une société
que l'on ne connait que peu: les amish parlent un dialecte proche de l'allemand
et vivent en retrait de la modernité (pas de voiture ni d'électricité). Ils s'habillent
simplement, prônent la non-violence et sont de fervents croyants.
Le
retrait des amish hors de la "civilisation" leur permet de rester à
l'écart de la violence qui sévit autour d'eux. En un sens, les amish seraient
un peuple pur et simple, innocent. L'adhésion aux valeurs amish culmine lors de
la scène de l'édification d'une grange à laquelle participe le personnage
principal: tous les êtres sont réunis autour d'un projet commun et les amish
révèlent la force de leur cohésion. Cependant, d'un autre côté, le film
critique parfois le rigorisme d'une société fermée et stricte: ce monde clos
doit tôt ou tard être confronté à l'extérieur et, de ce fait, il verra d'un
mauvais œil la romance entre la mère et le policier.
A
cause de son cadre particulièrement original, Witness s'écarte des conventions du thriller ou du film policier.
La belle musique de Maurice Jarre et la mise en scène élégante de Peter Weir
contribuent à magnifier le spectacle de ce film particulièrement singulier.
14.12.12.