Un drame romantique. Célèbre pour ses films autobiographiques et générationnels
(Diabolo Menthe, 1977; Cocktail Molotov, 1979), la réalisatrice
Diane Kurys transpose à l'écran avec Les
Enfants du Siècle la relation mouvementée entre George Sand et Alfred de
Musset[1].
Le film s'apparente à un drame romantique, dans tous les sens du terme. Tout
d'abord, le film retrace la romance conflictuelle entre les deux écrivains,
relation composée de rires et de larmes, de disputes et de retrouvailles,
d'amour et de haine. Ensuite, le film recrée l'atmosphère de la période romantique
en évoquant les salons littéraires parisiens et les personnalités de l'époque
(Delacroix, Sainte-Beuve, Franz Liszt, l'éditeur François Buloz ou encore le
critique littéraire Gustave Planche...). On pourrait ainsi voir Les Enfants du siècle comme le Diabolo menthe du romantisme,
c'est-à-dire le film rétrospectif, lyrique d'une génération.
Diane Kurys signe un film très
sincère et premier degré, porté par acteurs aussi sérieux que convaincants (Benoît
Magimel et Juliette Binoche). Lyrique, la musique de Luis Bacalov est plus
hollywoodienne (violons) que romantique (pas de "chopinade"
pianistique). Visuellement, le film est très soigné (costumes et décors) et
renvoie à la peinture du XVIIIème et XIXème siècles (le Venise de Canaletto,
les portraits d'Ary Scheffer). Face à une reconstitution un peu coincée, une
approche un peu érotisante de la romance décoince le film et le rend plus
sulfureux.
Pour Sainte-Beuve. Comme de nombreux films biographiques sur des artistes,
Les Enfants du Siècle semble
pleinement assimiler la théorie du critique Sainte-Beuve (incarné dans le film
par Denys Podalydès) à savoir qu'il explique les œuvres par la personnalité des
auteurs. Ici, l'œuvre romantique de Sand ou de Musset n'est que le reflet de
leur vie amoureuse tourmentée. A noter que dans la présentation du couple, la
sympathie de la réalisatrice Diane Kurys penche du côté de George Sand,
amoureuse patiente, face à un Musset colérique, infidèle et fumeur d'opium.
12.07.13.
[1]
La relation entre George Sand et Frédéric Chopin, un autre amant de l'écrivaine,
avait elle déjà été le sujet de A Song to
Remember (1945) de Charles Vidor, de La
Note bleue (1990) d'Andrzej Zulawski et de Impromptu (1991) de James Lapine.