mercredi 7 août 2013

Les Trois Royaumes (2008) de John Woo

Après un passage à Hollywood clôturé par Paycheck (2003), Les Trois Royaumes marque le retour de John Woo au cinéma asiatique. Le réalisateur hongkongais accepte de collaborer avec le gouvernement chinois et signe un film épique inspiré des textes légendaires nationaux.
 
Un film épique asiatique... Les Trois Royaumes est centré sur un conflit du IIIème siècle qui mena à la tripartition de l'empire chinois. S'opposant au premier ministre de l'Empire du Nord, des seigneurs dissidents du Sud refusaient de prêter à allégeance, ce qui conduisit à la guerre. Certaines langues ont critiqué John Woo de s'accommoder avec le gouvernement chinois (avec cette adaptation d'un grand classique de la littérature du pays) mais l'on se doit de constater que le réalisateur se range du côté des dissidents, opposant à un régime autoritaire mené par un empereur faible et mal conseillé.
 
Reconstitution moyenâgeuse, réunions sur les tactiques de guerre, scènes de batailles terrestres ou maritimes, combats au corps à corps, présentation du champ de bataille détruit et enfumé après le conflit sont les éléments caractéristiques de ce film épique. Comme il se doit, le film de John Woo se voit doté d'un budget conséquent (il s'agit du film le plus cher de l'histoire dans le cinéma chinois) et d'une durée non négligeable (2h25 dans sa version raccourcie et occidentale). Impressionnant, le film bénéficie d'une grande figuration et d'effets numériques. On a parfois le sentiment de regarder un jeux vidéos comme la série des Shoghun Total War ou une version chinoise du Kagemusha de Kurosawa, l'aspect tragique, shakespearien en moins.
 
Ou occidental ? Bien qu'il s'agisse d'un film du cinéma asiatique, le spectateur occidental a néanmoins l'impression de regarder un film épique américain ou réalisé par Ridley Scott: une scène de débarquement, transposition de celle du Soldat Ryan, annonce l'absurde (historiquement) invasion de l'Angleterre par les Français dans Robin des Bois alors que les formations des troupes en tortue semble une réminiscence des batailles romaines dans Gladiator. La mise en scène stylisée et lyrique (ralentis et mouvements de caméra aériens) ressemble tout à fait à celle de Ridley Scott mais s'avère en accord parfait avec le passé de John Woo dans le cinéma hongkongais.
 
On pense également à Troie (2004) pour l'aspect mythologique: inspiré d'une légende chinoise, Les Trois Royaumes met en scène des personnages héroïques usant de la ruse (celui avec une barbiche connaît tous les mystères de la météo...) et quasi-invincibles, presque des demi-dieux. De plus, comme dans le récit de la guerre de Troie, on suggère qu'une femme très convoitée serait à l'origine du conflit. Comme dans le film de Wolgang Petersen, John Woo fait le choix audacieux de se ranger du côté de la rébellion, retranchée dans ses positions. Quelques héros de la bataille, très typés (par exemple une sorte d'ogre, barbu et géant), laissent eux supposer une possible influence du Seigneur des Anneaux...
 
 
Spectaculaire, Les Trois Royaumes apparaît comme une tentative de faire du Ridley Scott en Chine et le film n'a rien à envier aux films épiques américains qu'il entend imiter.
 
19.07.13.