Après La leçon de piano (1993) et Portrait
de Femme (1996), la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion retourne au
film d'époque avec Bright Star. L'action
se situe au début du XIXème siècle et relate l'histoire d'amour entre le poète
anglais John Keats et sa jeune muse, Fanny Brawne.
Jane Campion trahit trois
inspirations différentes et anachroniques: la peinture flamande, le cinéma
panthéiste et l'imagerie folk. Si Bright
star dresse le portrait d'un écrivain romantique, le film est lui même en se
centrant sur une romance rendue impossible par les différences sociales et par
la maladie. Visuellement, le film s'inspire en revanche moins de la peinture
romantique que de la peinture flamande et semble recréer des toiles de Vermeer
(portrait d'une femme qui coud, multiplication des différents plans en perspectives
dans les intérieurs). Le couple d'amoureux de Bright Star badine dans des champs de fleurs de couleur pourpre.
Ces séquences font autant penser à Elvira
Madigan (1967) de Bo Widerberg qu'au cinéma de Terrence Malick. Leur
couleur pourpre, l'insistance sur l'automne et le physique de John Keats (brun,
cheveux longs) évoque eux l'univers et la personne du chanteur Nick Drake comme
l'a souligné la réalisatrice: John Keats, poète maudit, était peut être
l'équivalent au XIXème siècle des chanteurs ténébreux de la pop music du XXème
siècle...
Si Bright Star est bien un film en costume, il s'éloigne néanmoins de
l'académisme ampoulé d'un Orgueil et
Préjugés (2005, Joe Wright): la caméra, hésitante et tremblante, suit avec
sensibilité et pudeur le couple fragile de John Keats et Fanny Brawne. La
jeunesse des comédiens contribue également à insuffler un sentiment de vérité
qui abolit toute impression de reconstitution. Lyrique, épuré mais stylisé, Bright Star séduit visuellement à défaut
de surpasser une histoire pour le moins classique.
22.11.13.