Issu de l'IDHEC (35ème
promotion), Christian Vincent signe avec La
Discrète son premier long-métrage. Le film révèle au grand public Fabrice
Luchini, acteur venu du cinéma d'Eric Rohmer (Perceval le Gallois et Les
Nuits de Pleine Lune). L'esprit du réalisateur de Ma Nuit chez Maude règne sur le film de Christian Vincent: un décor
(le Paris de la rive gauche), un milieu ("intello": Luchini
interprète ici un écrivain), une forme (finesse des dialogues), un jeu
(spontané grâce à la découverte de jeunes comédiens comme ici Judith Henry). La Discrète est donc un pastiche, une
variation sur le cinéma de Rohmer en somme.
Comme chez Rohmer, le
marivaudage s'inscrit dans des références à la culture classique: le titre du
film renvoie aux "mouches" des femmes au XVIIIème siècle; Luchini, en
décidant de séduire la première venue pour le bonheur de son éditeur, se livre
à un jeu libertin digne du Valmont de Laclos; la mélodie hongroise de Schubert
vient enfin souligner le côté doux-amer de l'histoire. Servi par la justesse de
son scénario et par la grâce de ses comédiens, Christian Vincent, avec La Discrète, ne signe pas du
"sous-Rohmer" mais devient au contraire l'élève qui surpasse le
maître.
20.11.13.