En 2009, Clive Owen joue dans deux
productions de Relativity Media, deux films "formatés" de ce
mini-studio qui remettent au goût du jour deux genres de cinéma. Le premier, The International, réalisé par Tom
Tykwer, est un thriller paranoïaque dans la veine des films des années 70. Le
second, Duplicity, réalisé par Tony
Gilroy, est une modernisation des films d'espionnage des années 60.
Les deux protagonistes de Duplicity sont deux anciens agents
secrets: elle, interprétée par Julia Roberts, est une ex-agent de la CIA alors
que lui, joué par Clive Owen, travaillait pour le MI6. Appâtés par le gain, les
deux amants se reconvertissent dans l’espionnage industriel. Ils sont ainsi embauchés
par deux laboratoires pharmaceutiques concurrents: l’un pour voler la formule
d’un produit pharmaceutique qui rapportera une fortune, l’autre pour la
protéger. Comme The Constant Gardener
(2005) de Fernando Meirelles ou Jason
Bourne: l'héritage (2012) du même Gilroy, Duplicity présente la firme pharmaceutique comme un organisme
maléfique et capitaliste, prêt à tout pour arriver à ses fins.
Le film de Girloy n'est qu'une suite
de manipulations et on y retrouve toutes les scènes-clés du film d'espionnage:
la filatures, les écoutes ou encore la rencontre dans un lieu public pour
échanger des informations. Complètement perdu, le spectateur renonce vite à
comprendre le fil de l'intrigue pour ne suivre que le jeu de séduction, le jeu
de dupes qui s'instaure entre les différents personnages.
Le titre du film joue sur la
ressemblance entre le mot duplicity et complicity et Tony Gilroy s'amuse de
l'ambigüité des relations entre le couple sexy et élégant formé par Julia
Roberts et Clive Owen. Le film s'engage dans les méandres de la romance:
comment un couple d'espions peut-il se faire confiance alors que leur métier même
est de dissimuler la vérité ?
On pense ainsi aux comédies
d'espionnage des années 60 tel que Charade
(1963) de Stanley Donen ou L'Affaire
Thomas Crown (1968) de Norman Jewison. La formule secrète tant disputée est
ainsi un véritable McGuffin à la Hitchcock: il s'agit d'une formule chimique
pour faire repousser les cheveux morts ! On trouve même dans Duplicity des split screen et des
seconds rôles de méchants patrons stéréotypés (Tom Wilkinson et Paul Giamatti
s'en donnent à cœur joie) comme dans les films hollywoodiens de l'époque. Dans ce
doux revival sixties, le métier de Tony Gilroy rivalise avec celui de Steven
Soderbergh: la musique de James Howard Newton lorgne vers celle de David
Holmes, les virées sous le soleil d'Italie et la présence de Julia Roberts
rappellent le souvenir délicieux de Ocean's
Twelve.
29.09.2012.