Drôle d'idée que de faire un film
sur ceux qui ne voient pas. Centré sur le personnage de non-voyant, Parfum de femme se refuse de présenter
les aveugles comme des personnages pathétiques envers lesquels le spectateur
devrait porter un regard de compassion.
Au contraire, Fausto, capitaine de
cavalerie ayant perdue la vue lors de manœuvres militaires, est un homme aigri,
grincheux et même salace. Egoïste, il se soucie peu des autres; arrogant, il
prétend que sa cécité n'est nullement un handicap. Il s'avère également
autoritaire avec Cicio, le jeune garçon qui l'aide à descendre en bas de la
botte italienne, et déplaisant avec Sara, la seule personne qui l'ai jamais
vraiment aimé. Le prénom même du personnage insiste sur l'aspect maléfique du
personnage, peint sous un angle négatif. Inversant la présentation habituelle des
aveugles, Parfum de femme demeure
néanmoins la tragédie d'un homme malheureux qui peine à avouer sa faiblesse et
sa peur.
Derrière le personnage despotique se
cache un homme fissuré, qui peine à accepter l'amour d'une femme qu'il ne veut
pas asservir. Parfum de femme réemploie
finalement le poncif récurent du cinéma américain classique: malgré leur
cécité, les aveugles voient, perçoivent les choses, les humains et leurs
émotions. Les aveugles voient les âmes, sentent les parfums, savourent la
musique. Plus que de l'éveil de leur sensation, la cécité leur permet d'accéder
à une forme de vérité.
Servi par la prestation sensible de
ses acteurs (Vittorio Gassman et la belle Agostina Belli) ainsi par que la musique
lyrique et nostalgique d'Armando Trovajoli, la mise en scène de Dino Risi dans le
tragi-comique Parfum de femme privilégie
l'émotion qui, quarante ans après, reste intacte.
13.10.2012.