A
la façon de Nous nous sommes tant aimés
(1974) d'Ettore Scola, Nos plus belles
années est le portrait tendre et nostalgique d'une certaine génération: il
s'agit d'une exploration mélodramatique des relations amoureuses et des choix
politiques. Chez Pollack comme chez Scola, la désillusion finit par gagner le
couple et la politique, les liaisons et l'engagement se mêlent, s'imbriquent
l'un dans l'autre.
Nos
plus belles années scelle la rencontre d'un couple que tout oppose. Cheveux
blonds resplendissants et yeux bleus limpides, Robert Redford incarne le WASP par excellence: son
personnage d'Hubbell, étudiant insouciant, play-boy désinvolte, est une personnification
de l'Amérique à qui tout sourit. Cheveux bouclés et accent juif new-yorkais
prononcé, Barbra Streisand représente le strict inverse: elle interprète
Cathie, une ardente militante communiste et pacifiste, l'Amérique qui dérange. Filmée
avec un sens du romantisme, l'union de ces deux individus que tout sépare s'avère
impossible. Mais ces années (1937-1950) ironiquement qualifiéers de
"belles" par le titre français verront la séparation du couple et
confrontera Hubbell et Cathie aux grands événements historiques: la guerre de
40, le maccarthysme et enfin le spectre d'une guerre nucléaire.
La subtilité du scénario d'Arthur
Laurents[1]
réside ainsi dans la volonté de ne jamais éluder le contexte politique et
social, placé au même plan que l'intrigue amoureuse. Nos plus belles années n'en demeure pas moins un mélodrame
conventionnel. Tout d'abord, le film est servi par une musique lyrique de
Marvin Hamlisch qui fera sa célébrité. Ensuite, la caméra de Pollack filme les
deux stars au plus près et avec attention. A la limite du "soap
opera", Nos plus belles années n'a
pas peur d'avoir recours à quelques motifs clichés tel le ralenti, la
construction passéiste du récit avec le flash-back ou encore la scène attendue de
ballade du couple au bord de la plage. Mais ces moyens discutables sont à
l'image du film: sincère, épique et mystificateur.
26.09.2012.
[1]
Le scénario de Nos plus belles années
est inspiré par les expériences personnelles de son auteur Arthur Lorens,
scénariste, entre autres, de La Corde
(1948) d'Alfred Hitchcock, de La Fosse
aux serpents (1948) d'Anatole Litvak ou encore de West Side Story (1961) de Robert Wise.