Ancien assistant réalisateur
de Dario Argento, Lamberto Bava ou de Joe D'Amato, Michele Soavi a tracé sa
voie dans le cinéma italien en travaillant sur plusieurs gialli. Dellamorte Dellamore, son quatrième
film, apparait comme un film d'horreur particulièrement insolite, à la limite
de la parodie.
Dellamorte Dellamore conte les mésaventures d'un gardien de
cimetière, confronté la nuit à des invasions de zombies, les morts sortant de
leurs tombes... Le film est adapté et inspiré par l'œuvre de Tiziano Sclavi,
l'auteur de la bande-dessinée des Dylan
Dog, ex détective privé et chasseur de zombies. Le décors de Dellamorte Dellamore est caricatural: le
cimetière embrumé, avec corbeaux croassant et pierres tombales, éclairé par la
lumière de la pleine lune. Le mélancolique Francesco Dellamorte est accompagné
par un assistant fossoyeur au physique inquiétant, comme il se doit, et qui ne
s'exprime que par une unique onomatopée (Gna !). L'extermination des zombies
apparaît comme un jeu grotesque, drôle.
Jouant sur les codes du film
d'horreur et n'ayant pas peur d'un lyrisme outrancier, Dellamorte Dellamore joue sur le terrain de la parodie. Mais là où Dellamorte Dellamore fait montre
d'originalité, c'est dans l'accentuation du caractère déstabilisant du film
d'horreur. Ainsi, Dellamorte copule avec une veuve sur la tombe de son défunt
mari alors que "Gnaghi" s'entiche d'une zombie morte par décapitation
et dont il fait trôner la tête à l'intérieur même d'une télévision. Dellamorte,
est lui-même un illettré, un imbécile que tout le monde accuse d'être
impotent...
Dellamorte Dellamore peut aussi se lire comme le paysage mental
d'un homme obsédé par son travail. Obnubilé par son environnement morbide,
Dellamorte en vient à confondre le monde des vivants avec le monde des morts et
finit par tuer tous ceux qu'il trouve sur son chemin. Ces scènes de meurtre,
filmées de biais, apparaissent comme cauchemardesques, complètement fantasmées,
et l'on ne sait si ce que l'on voit est vrai ou si tout cela n'est qu'un rêve
du protagoniste. Pour Dellamorte, la mort est omniprésente, jusque dans son
nom. Lorsqu'il tente de s'évader de son cimetière et de sa ville, il se
retrouve nez à nez à une route barrée par un ravin, un ailleurs impossible: il
ne peut échapper à la mort, et à sa propre mort dans ce bled morbide et
angoissant. Dellamorte Dellamore est
donc un film d'horreur qui finit donc par emprunter un chemin presque
métaphysique.
19.10.12.