Après Steak (2007), comédie déjantée avec Eric et Ramzy, et Rubber (2010), portrait d'un pneu tueur,
Wrong est le troisième film de
Quentin Dupieux alias Mr. Oizo, DJ et musicien d'électro. S'inscrivant dans la droite
lignée des deux précédents films de Dupieux, Wrong poursuit un même humour absurde et surréaliste, où le
non-sens est roi.
Wrong
narre l'histoire de Dolph, un trentenaire banal et un peu effacé, qui constate
un beau matin la disparition de son chien, Paul. Dolph voue à son clébard un
amour considérable: il réagit à sa perte comme s'il perdait sa femme. Le
comportement disproportionné de Dolph apparaît comme l'évènement déclencheur de
ce film insolite.
Les personnages secondaires et les
péripéties annexes sont tout aussi étranges: le responsable de la disparition
du chien semble être Master Chang qui, malgré son nom, n'a rien d'asiatique;
Victor, le jardinier de Dolph, découvre que les palmiers qu'il fait pousser se
transforment en sapins; une livreuse de pizzas quitte brusquement son ménage pour
emménager chez Dolph alors qu'un détective scatophile se lance à la recherche
du chien.
On l'aura compris, le film de
Dupieux porte bien son titre: dans chaque scène, il y a toujours
"something wrong", quelque chose qui cloche. Situé (et tourné) comme Rubber aux Etats-Unis, Wrong, dans le paysage d'une banlieue
aseptisée et normalisée, questionne la
normalité dans la société contemporaine. Le rire du spectateur se mélange toujours
avec un sentiment de peur vis-à-vis de l'anormal: un silence ou un bruit, un
visage ou une anomalie, un petit rien peut faire basculer le commun dans
l'incongru.
Dolph semble être une victime, un
homme lambda qui voit son quotidien chavirer en un instant. Pourtant, tout ce
que veut Dolph, c'est retrouver son chien, c'est-à-dire vivre une existence simple,
"normale", sans problème. Lorsque son réveil passe de 7h59 à 7h60, son
cauchemar prend l'allure d'une persécution: alors qu'il est licencié depuis
longtemps, Dolph continue à se rendre à son bureau, comme pour rester dans la
norme. Les salariés sont eux plus surpris par la présence de Dolph au travail
que par les torrents continus de pluie qui sévissent à l'intérieur même des murs...
Le bizarre ne serait donc qu'une notion subjective, au fond synonyme
d'"anormalité".
22.09.2012.