Sorti un an après Flic ou Voyou (1978), Le Guignolo reprend une affiche assez
similaire: Jean-Paul Belmondo en vedette, Georges Lautner à la réalisation,
Michel Audiard et Jean Herman au scénario, Philippe Sarde à la musique, Henri
Decae à la photographie et Alain Poiré en producteur. Le Guignolo constitue un cocktail explosif d'action et d'humour.
Jean-Paul Belmondo joue le rôle
d'Alexandre Dupré, alias "le Guignolo", un cambrioleur amateur
d'œuvres d'art, une sorte d'Arsène Lupin des temps modernes, expert dans l'art
du déguisement et de la fuite. Vêtu d'un chapeau haut de forme, il vole les
riches, revend des fausses toiles du Canaletto et file toujours entre les
mailles du filet tendu par la police. La tentative d'escroquerie sur un paquebot
est ainsi directement reprise de L'arrestation
d'Arsène Lupin, première histoire du personnage crée par Maurice Leblanc en
1905.
Le film commence par un générique où
la tête de Belmondo est fixée sur une figurine de Guignol. Simiesque, Bebel,
superstar du film, principale attraction pour le public, est de tous les plans
et fait n'importe quoi pour épater la galerie: il s'amuse à jouer au charmeur, saute
partout, se déguise en maharajah ou en officier, traverse tout Venise vêtu d'un
caleçon à pois rouges...
L'intrigue, très légère, tourne
autour d'un McGuffin et d’une méprise que n’auraient pas reniés d'Hitchcock: Dupré
se retrouve à Venise avec une valise qui n'est pas la sienne. Une horde
d'espions étrangers se lance à ses trousses pour mettre la main sur un fameux
microfilm caché dans un briquet qui était contenu dans la mallette. Le scénario
importe peu: le spectateur est juste là pour assister aux pitreries de
Belmondo. Le spectaculaire est également au rendez-vous : on voit ainsi le
guignolo dévaster le hall du Cipriani avec un hors-bord; plus tard, il sera
suspendu par un hélicoptère au dessus de toute la ville.
Les dialogues et l'humour sont à la
hauteur de l'action. Le Guignolo n'a
pas peur d'un comique bête et méchant: on se moque de la cravate des méchants
quand on ne leur donne pas des coups dans les testicules, chocs suivis par de
grossiers gémissements. Une amusante voix off raconte l'histoire avec un
sérieux inattendu: "Ce n'était plus l'aiguille dans la botte de foin mais le microfilm dans
le pain complet". A cela, s'ajoutent des seconds rôles truculents, déjà de
la partie de Flic ou Voyou: Michel
Galabru, Georges Géret, Charles Gérard, Philippe Castelli, Tony Kendall ou
encore Michel Beaune.
Avec son humour nigaud et ses scènes
spectaculaires, Le Guignolo fascine
par sa bêtise et sa décontraction assumées. Véritable succès, le film atteint 2
849 000 entrées au box office national, score néanmoins inférieur à celui de Flic ou Voyou (3 950 691 entrées).
15.08.2012.