dimanche 19 août 2007

Keeping Mum / Secrets de Famille (2005) de Niall Johnson


         Le 3ème film du réalisateur/scénariste britannique Niall Johnson, Secrets de Famille, ayant pour cadre les cottages où vivent des petites vieilles membres d’associations florales et paroissiales, est une farce macabre cynique et amorale avec cadavres à gogo à la façon de certaines comédies anglaises de la Ealing Studios.

         Le révérend Walter Goodfellow (Rowan Atkinson) est, comme son nom l’indique, un brave type sans histoire. Très occupé à écrire ses sermons, le pasteur d’un village de 57 habitants vit dans son petit monde. En effet, Mr. Bean a beau avoir cette fois-ci des lunettes, il plane toujours, ne s’apercevant rien de ce qui se passe autours de lui. Sa femme Gloria (Kristin Scott Thomas) le trompe, son fils se fait brimer à l’école et sa fille a de mauvaises fréquentations. Mais l’arrivée de Grâce Hawkins, la gouvernante (Maggie Smith), va tout changer.

         L’intérêt du film repose énormément sur la présence de deux acteurs. Maggie Smith, mélange d’une Mary Poppins macabre et d’une vieille serial killer digne de Arsenic et vieilles Dentelles (1944) de Frank Capra, est croquante à souhait et, sortant ainsi de son unique registre comique, Rowan Atkinson est lui aussi très convaincant, réussissant à être à la fois drôle, attachant et crédible dans son rôle. Au contraire, le personnage de Lance, l’amant de Gloria, interprété par Patrick Swayze n’est pas très fin : l’unique américain du film est un gros vicelard, plus agaçant que ridicule.

         Secrets de Famille se situe dans la lignée des films de la Ealing Studios : on retrouve ainsi la même peinture d’une communauté restreinte plongée dans une situation pour le moins absurde et embarrassante, tout cela raconté avec un calme apparent. Ici, il s’agit de l’idée qu’une honnête personne héberge le crime sous son toit sans même s’en apercevoir, idée qui n’est pas sans rappeler Tueurs de Dames (1955) d’Alexander Mackendrick. Bien ficelé, le scénario retombe donc sur ses pattes mais, finalement, le film ressemble plus à un conte de fées (la gentille gouvernante va ramener l’ordre et la sérénité dans la maison avant de s’éclipser) qu’à la farce macabre que l’on attendait.

         Les mésaventures de Gloria ne nous intéressent moins à la longue que les meurtres qui ne nous ne sont montrés que très vaguement et c’est justement ici que l’on aurait attendu un peu plus de recherche du point de vue de la réalisation. En effet, malgré une drôle scène d’introduction aussi storyboardée qu’une séquence d’un film des frères Coen d’un humour noir très décalé, la mise en scène de Niall Johnson reste cependant assez plate. On peut aussi reprocher une absence d’esthétique qui aurait pu rajouter du charme au film et regretter un côté plus caricatural de la vision de la vie de la campagne anglaise à la façon d’un Wallace & Gromit et le Mystère du Lapin-Garou (2005) de Nick Park et Steve Box.


         Bref, malgré de bons moments et de bons acteurs, Secrets de Famille ne réussit donc pas à décoller. Certes, il s’agit d’un film plaisant et sympathique mais il manque cependant un peu de folie à son histoire et à sa mise en scène, peut-être parce que le film n’est pas si anglais que cela si l’on considère que le cinéma anglais est celui qui sait combiner réalisme et fantaisie. Avec son humour contenu, Secrets de Famille reste en vérité un bon film, mais presque trop sérieux pour être hilarant.


19.08.07.