En 1948, Gérard Philipe incarnait à l’écran le marquis Fabrice Del Longo de La Chartreuse de Parme de Stendhal dans la version cinématographique de Christian-Jaque. En 1955, il allait de nouveau endosser le costume d’un autre héros jeune et tourmenté de l’auteur grenoblois en jouant Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Claude Autant-Lara. Cette version du roman de Stendhal, la plus célèbre au cinéma, est un film typique de la Qualité française qui vaut surtout pour la prestation de ses comédiens.
Après qu’Henri Decoin se soit déjà attaqué à Stendhal en 1953 en réalisant Les Amants de Tolède, d’après la nouvelle Le Coffre et le Revenant, Claude Autant-Lara fait appel au fameux duo de scénaristes Pierre Bost et Jean Aurenche pour adapter Le Rouge et le Noir. Cependant, s’ils livrent une adaptation très sage et fidèle, les deux hommes tentent de tirer profit de l’image cinématographique et renforcent le propos de l’œuvre de Stendhal en opposant de façon évidente le rouge de l’uniforme militaire et le noir de la soutane. Il s’agit donc du conflit permanent entre ce que à quoi l’on aspire à être et ce que l’on est vraiment, un conflit entre rêves et réalité.
Les scénaristes ont su aussi mettre l’accent sur la satire sociale et retranscrire grâce à d’habiles dialogues le regard critique de Stendhal sur la riche bourgeoisie à l’époque de Charles X. Avec les monologues transformés en voix off, ils parviennent de même à bien saisir l’ambiguïté du personnage de Sorel : est-ce un horrible parvenu planificateur ou un jeune idéaliste insouciant et dépassé par les évènements ?
En plus de l’adaptation léchée d’un grand classique de la littérature française, on retrouve d’autres caractéristiques de la Qualité française : le tournage en studios, la reconstitution soignée (ici, la France de 1830), les nombreux costumes et les décors somptueux magnifiés par l’Eastmancolor.
On trouve ainsi un casting de prestige pour cette grosse production : le film dure 3h et est sorti en deux « époques », respectant les deux grandes parties du roman. Gérard Philipe, bien trop vieux pour le rôle de Julien Sorel, se rattrape grâce à son regard tantôt angélique, tantôt machiavélique. Quant à Danièle Darrieux, elle campe une Madame de Rénal assez convaincante. Enfin, Mathilde de la Môle est jouée par Antonella Lualdi, actrice italienne dont la présence est justifiée par la nationalité des fonds de la coproduction.
En fait, Autant-Lara connaît déjà bien l’équipe avec laquelle il tourne : Gérard Philipe jouait dans Le Diable au Corps (1947) et Danièle Darrieux dans Occupe-toi d’Amélie (1949) et Le Bon Dieu sans Confession (1953). Le directeur de la photographie Michel Kelber a déjà collaboré trois fois avec Autant-Lara et le musicien René Cloërec a travaillé également à huit reprises avec le metteur en scène.
Coloré et bien interprété, Le Rouge et le Noir de Claude Autant-Lara est une honorable adaptation du roman de Stendhal. Certains moments sont très bons (la marche finale de Julien vers l’échafaud notamment) et la réalisation d’Autant-Lara est efficace (bien qu’un peu « môle » !).
Plus tard, d’autres réalisateurs s’attaqueront au roman de Stendhal. En 1993, la BBC a produit trois téléfilms réalisés par Ben Bolt avec Ewan McGregor (Julien Sorel) et Rachel Weisz (Mathilde de la Môle). En 1997, la télévision française a produit deux téléfilms réalisés par Jean-Daniel Verhaeghe avec Kim Rossi Stuart (Julien Sorel), Carole Bouquet (Madame de Rénal) et Judith Godrèche (Mathilde de la Môle).
21.12 .08.
Après qu’Henri Decoin se soit déjà attaqué à Stendhal en 1953 en réalisant Les Amants de Tolède, d’après la nouvelle Le Coffre et le Revenant, Claude Autant-Lara fait appel au fameux duo de scénaristes Pierre Bost et Jean Aurenche pour adapter Le Rouge et le Noir. Cependant, s’ils livrent une adaptation très sage et fidèle, les deux hommes tentent de tirer profit de l’image cinématographique et renforcent le propos de l’œuvre de Stendhal en opposant de façon évidente le rouge de l’uniforme militaire et le noir de la soutane. Il s’agit donc du conflit permanent entre ce que à quoi l’on aspire à être et ce que l’on est vraiment, un conflit entre rêves et réalité.
Les scénaristes ont su aussi mettre l’accent sur la satire sociale et retranscrire grâce à d’habiles dialogues le regard critique de Stendhal sur la riche bourgeoisie à l’époque de Charles X. Avec les monologues transformés en voix off, ils parviennent de même à bien saisir l’ambiguïté du personnage de Sorel : est-ce un horrible parvenu planificateur ou un jeune idéaliste insouciant et dépassé par les évènements ?
En plus de l’adaptation léchée d’un grand classique de la littérature française, on retrouve d’autres caractéristiques de la Qualité française : le tournage en studios, la reconstitution soignée (ici, la France de 1830), les nombreux costumes et les décors somptueux magnifiés par l’Eastmancolor.
On trouve ainsi un casting de prestige pour cette grosse production : le film dure 3h et est sorti en deux « époques », respectant les deux grandes parties du roman. Gérard Philipe, bien trop vieux pour le rôle de Julien Sorel, se rattrape grâce à son regard tantôt angélique, tantôt machiavélique. Quant à Danièle Darrieux, elle campe une Madame de Rénal assez convaincante. Enfin, Mathilde de la Môle est jouée par Antonella Lualdi, actrice italienne dont la présence est justifiée par la nationalité des fonds de la coproduction.
En fait, Autant-Lara connaît déjà bien l’équipe avec laquelle il tourne : Gérard Philipe jouait dans Le Diable au Corps (1947) et Danièle Darrieux dans Occupe-toi d’Amélie (1949) et Le Bon Dieu sans Confession (1953). Le directeur de la photographie Michel Kelber a déjà collaboré trois fois avec Autant-Lara et le musicien René Cloërec a travaillé également à huit reprises avec le metteur en scène.
Coloré et bien interprété, Le Rouge et le Noir de Claude Autant-Lara est une honorable adaptation du roman de Stendhal. Certains moments sont très bons (la marche finale de Julien vers l’échafaud notamment) et la réalisation d’Autant-Lara est efficace (bien qu’un peu « môle » !).
Plus tard, d’autres réalisateurs s’attaqueront au roman de Stendhal. En 1993, la BBC a produit trois téléfilms réalisés par Ben Bolt avec Ewan McGregor (Julien Sorel) et Rachel Weisz (Mathilde de la Môle). En 1997, la télévision française a produit deux téléfilms réalisés par Jean-Daniel Verhaeghe avec Kim Rossi Stuart (Julien Sorel), Carole Bouquet (Madame de Rénal) et Judith Godrèche (Mathilde de la Môle).
21.12 .08.