« La musique est pour moi aussi importante que le cinéma » a déclaré Martin Scorsese. De la part de quelqu’un pour qui un film doit être recueilli de la même façon qu’une hostie, ce n’est pas rien. On comprend donc quelle peut être la place de la musique dans la vie du cinéaste. Scorsese aime la musique (les BO de ses films sont souvent assez électriques) et sa filmographie ne cesse de le rappeler.
Scorsese a été monteur du documentaire fleuve Woodstock (1970) de Michael Wadleigh. Il a fait appel au grand Bernard Herrmann pour la composition de la musique de Taxi Driver (1976). Son New York New York (1977) est spécialement consacré à la vie d’un musicien. Il a filmé les adieux de The Band dans The Last Waltz (1978). En 1987, il a tourné un clip pour Michael Jackson (Bad). Il a également participé à une série de documentaires sur l’histoire du blues en 2003 et a dressé un portrait de Bob Dylan avec No Direction Home (2005).
En 2006, avec Shine a Light, il a réalisé un rêve presque d’adolescent : filmer les Rolling Stones, groupe qui n’a cessé de le bercer dans sa jeunesse et de l’inspirer tout au long de son œuvre. En effet, on peut entendre la chanson Jumpin' Jack Flash dans Mean Streets (1973) et Monkey Man dans Les Affranchis (1990). Quant à Gimme Shelter, c'est une véritable obsession de Scorsese puisqu'elle figure dans Casino (1995), Les Affranchis et Les Infiltrés (2006).
C’est la énième fois que l’on filme les Stones en concert mais cela n’a pas découragé notre italo-américain préféré. Shine a Light (le titre vient d’une chanson tirée de l’album Exile on Main Street) est ainsi construit de la sorte: on voit la préparation du spectacle, puis son déroulement, entrecoupé par des interviews et des images d’archives assez amusantes d’ailleurs.
Il s’agit d’une véritable prouesse technique : 17 caméras ont capté l’énergie débordante des Stones (ils sont pourtant sexagénaires maintenant !) lors de leur représentation au Beacon Theater à New York, en automne 2006. Mick Jagger semble être en pleine forme (il danse toujours d’une façon démoniaque) même si sa voix, affaiblie, a quelque peu changé.
Le concert était donné pour l’anniversaire de Bill Clinton et la famille de l’ancien Président était au complet pour saluer le groupe avant sa représentation. Notons d’ailleurs que la chanson Sympathy for the Devil sera spécialement censurée pour le démocrate (on n’entend pas “I shouted out/Who killed the Kennedys/After all/It was you and me”).
Malheureusement, le film est loin d’être passionnant. Tout d’abord, parce qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un simple concert filmé, ce qui paraît rapidement assez vain comme exercice. Ensuite, parce que le concert est assez fatiguant. Les chansons les plus douces (As Tears go by par exemple) passent mal en concert et les orchestrations ne sont pas toujours très réussies.
Gimme Shelter (1970) des frères Maysles, sur le concert d’Altamont en 1969, était bien plus réussi. Faudrait-il obligatoirement un meurtre pour que le film-concert soit plus excitant et intéressant ? Car contrairement au Don’t look back (1967) d’Alan Pennebaker qui nous révélait la complexité de Bob Dylan lors de sa tournée anglaise en 1965, Shine a Light ne nous apprend rien sur les Rolling Stones.
En fait, le spectateur n’est là que pour avoir les oreilles cassées. Il sort des 2h00 de « gueulade » en ayant mal à la tête. Comme le batteur Charlie Watts (qui porte un vieux blouson de grand-père), à la fin d’un morceau, il soupire d’épuisement et d’ennui. Peut-être que si l’on veut vraiment ressentir l'atmosphère du concert, il n’y a pas d’autre solution que d’être dans la salle.
Long et éprouvant, Shine a Light n’intéressera donc que les inconditionnels des Stones et de Scorsese. Le vrai spectacle du film, c’est à la limite celui d’un Scorsese s’énervant lorsqu’il attend la liste des morceaux quelques minutes avant l’ouverture du show. C’est donc un peu maigre.
Scorsese prévoit de faire un film de fiction sur Bob Marley ainsi qu’un documentaire sur George Harrison. Espérons que ce sera plus captivant que Shine a Light.
08.02.09.
Scorsese a été monteur du documentaire fleuve Woodstock (1970) de Michael Wadleigh. Il a fait appel au grand Bernard Herrmann pour la composition de la musique de Taxi Driver (1976). Son New York New York (1977) est spécialement consacré à la vie d’un musicien. Il a filmé les adieux de The Band dans The Last Waltz (1978). En 1987, il a tourné un clip pour Michael Jackson (Bad). Il a également participé à une série de documentaires sur l’histoire du blues en 2003 et a dressé un portrait de Bob Dylan avec No Direction Home (2005).
En 2006, avec Shine a Light, il a réalisé un rêve presque d’adolescent : filmer les Rolling Stones, groupe qui n’a cessé de le bercer dans sa jeunesse et de l’inspirer tout au long de son œuvre. En effet, on peut entendre la chanson Jumpin' Jack Flash dans Mean Streets (1973) et Monkey Man dans Les Affranchis (1990). Quant à Gimme Shelter, c'est une véritable obsession de Scorsese puisqu'elle figure dans Casino (1995), Les Affranchis et Les Infiltrés (2006).
C’est la énième fois que l’on filme les Stones en concert mais cela n’a pas découragé notre italo-américain préféré. Shine a Light (le titre vient d’une chanson tirée de l’album Exile on Main Street) est ainsi construit de la sorte: on voit la préparation du spectacle, puis son déroulement, entrecoupé par des interviews et des images d’archives assez amusantes d’ailleurs.
Il s’agit d’une véritable prouesse technique : 17 caméras ont capté l’énergie débordante des Stones (ils sont pourtant sexagénaires maintenant !) lors de leur représentation au Beacon Theater à New York, en automne 2006. Mick Jagger semble être en pleine forme (il danse toujours d’une façon démoniaque) même si sa voix, affaiblie, a quelque peu changé.
Le concert était donné pour l’anniversaire de Bill Clinton et la famille de l’ancien Président était au complet pour saluer le groupe avant sa représentation. Notons d’ailleurs que la chanson Sympathy for the Devil sera spécialement censurée pour le démocrate (on n’entend pas “I shouted out/Who killed the Kennedys/After all/It was you and me”).
Malheureusement, le film est loin d’être passionnant. Tout d’abord, parce qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un simple concert filmé, ce qui paraît rapidement assez vain comme exercice. Ensuite, parce que le concert est assez fatiguant. Les chansons les plus douces (As Tears go by par exemple) passent mal en concert et les orchestrations ne sont pas toujours très réussies.
Gimme Shelter (1970) des frères Maysles, sur le concert d’Altamont en 1969, était bien plus réussi. Faudrait-il obligatoirement un meurtre pour que le film-concert soit plus excitant et intéressant ? Car contrairement au Don’t look back (1967) d’Alan Pennebaker qui nous révélait la complexité de Bob Dylan lors de sa tournée anglaise en 1965, Shine a Light ne nous apprend rien sur les Rolling Stones.
En fait, le spectateur n’est là que pour avoir les oreilles cassées. Il sort des 2h00 de « gueulade » en ayant mal à la tête. Comme le batteur Charlie Watts (qui porte un vieux blouson de grand-père), à la fin d’un morceau, il soupire d’épuisement et d’ennui. Peut-être que si l’on veut vraiment ressentir l'atmosphère du concert, il n’y a pas d’autre solution que d’être dans la salle.
Long et éprouvant, Shine a Light n’intéressera donc que les inconditionnels des Stones et de Scorsese. Le vrai spectacle du film, c’est à la limite celui d’un Scorsese s’énervant lorsqu’il attend la liste des morceaux quelques minutes avant l’ouverture du show. C’est donc un peu maigre.
Scorsese prévoit de faire un film de fiction sur Bob Marley ainsi qu’un documentaire sur George Harrison. Espérons que ce sera plus captivant que Shine a Light.
08.02.09.