dimanche 20 novembre 2011

Lock, Stock and Two Smoking Barrels / Arnaques, Crimes et Botanique (1998) de Guy Ritchie

         Premier film de Guy Ritchie, Arnaques, Crimes et Botanique donne un nouveau souffle au polar britannique. D’abord, il instaure un genre avec un style bien particulier. Ensuite, il lance la carrière d’un réalisateur mais aussi celle de nombreux acteurs.

         Arnaques, Crimes et Botanique prend pour protagonistes des gangsters londoniens. Tenues d’une dette de jeu envers le parrain local, quatre petites frappes décident, faute d'alternative, de braquer leurs voisins, après avoir entendu par hasard que ceux-ci mettent au point leur propre braquage de cultivateurs de marijuana. Guy Ritchie oppose ainsi le gang organisé (des personnages violents et hauts en couleur) à une fratrie d’artisans dans le crime: avec leurs blagues potaches et leurs cuites puériles, ces malfrats ridicules suscitent la sympathie du spectateur. Idiots, ils tentent de revendre leur marchandise à celui qu’ils ont (sans le savoir) volé. Débrouillards, ils arrivent toujours après la bataille, alors que tout le monde se soit entretué.
         Les influences de Ritchie sont avant tout américaines. La violence et la BO rock déchainées sont dans la veine de Scorsese. On pense également à un des ses héritiers, Tarantino, pour les intrigues télescopées, l’utilisation fréquente du montage parallèle et les dialogues futiles et comiques, détonant au milieu de la sauvagerie. Les Coen sont aussi convoqués pour le goût du grotesque (les personnages fous furieux qui veulent tuer tout le monde).
         Néanmoins, avec Arnaques, Crimes et Botanique, Ritchie signe un film bien anglais. Le film véhicule une vision d’un Londres banlieusard et populaire. L’humour noir, volontiers cynique, semble être hérité de La Loi du Milieu (1971) de Mike Hodges. Arnaques, Crimes et Botanique semble aussi moderniser des films clés tels que The Italian Job [1] ou The Long Good Friday [2].
         Guy Ritchie peaufine ainsi un style très singulier. Entre le polar et la comédie, son cinéma est mené tambour battant par un montage « boosté » à la façon d’un clip [3]. Avec sa voix off malicieuse et ses nombreux personnages, le film s’avère d’ailleurs parfois difficile à suivre. Notons qu’Arnaques, Crimes et Botanique lança également la carrière de nombreux acteurs : Jason Flemyng [4], Dexter Fletcher [5], Nick Moran [6], Jason Statham [7] ainsi que Vinnie Jones [8].

         Bête et méchant, Arnaques, Crimes et Botanique a cependant le mérite de renouveler le polar britannique. Véritable succès, il sera suivi d'une série télévisée homonyme en 2000. Guy Ritchie et son producteur Matthew Vaughn allaient poursuivre dans cette voie avec Snatch, sorte de petit frère de Arnaques, Crimes et Botanique.

20.11.11.


[1] Le final « en suspension » est assez similaire.
[2] Arnaques, crimes et botanique est partiellement produit par Handmade films, la société de George Harrison, qui avait produit The Long Good Friday. Arnaques, Crimes et botanique reprend trois acteurs du film de McKenzie : Dexter Fletcher, P.H. Moriarty et Alan Ford.
[3] Guy Ritchie réalisera par la suite des clips de Madonna, avec qui il a été marié de 2000 à 2008. Ritchie a rencontré sa future épouse à l’occasion d’ Arnaques, crimes et botanique, dont la bo est sorti sur le label de la chanteuse.
[4] Jason Flemyng est le fils de Gordon Flemyng, réalisateur de deux films Dr Who and the Daleks (avec Peter Cushing) et de La Grande Catherine (1968) avec Jeanne Moreau dans le rôle titre.
[5] On retrouvera Dexter Fletcher dans la série Band of Brothers (2001).
[6] Cet acteur a également réalisé deux films dont Telstar (2009) sur la vie du producteur de musique Joe Meek.
[7] Parmi les quatre acteurs principaux d’Arnaques, crimes et botanique, Jason Statham est celui qui a connu la carrière la plus célèbre, notamment avec la série des Transporter.
[8] Footballer célèbre, Vinnie Jones s’est reconverti dans le cinéma grâce à Arnaques, crimes et botanique. Il est la vedette Mean Machine / Carton rouge (2001) de Barry Skornick, remake de The Longest Yard / Plein la gueule (1974) de Robert Aldrich. On retrouve dans cette production de Matthew Vaughn plusieurs comédiens des films de Guy Ritchie (Jason Statham, Jason Flemyng et Vas Blackwood).