On ne compte plus les imitations d’Indiana Jones tant elles deviennent nombreuses. Benjamin Gates et le Livre des Secrets, la copie la plus récente, tente même de rivaliser avec l’original, ou presque. Il vient de sortir cinq mois (trois pour la France) avant le dernier opus de la série de Spielberg et Lucas, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal. Cependant, même si la dernière apparition du célèbre archéologue n’était pas la meilleure, la comparaison ne tient pas une seconde la route. En effet, le deuxième volet de la série des Benjamin Gates correspond parfaitement à la définition du mot ersatz : c’est la même chose, mais en moins bien, en beaucoup moins bien…
Dans Benjamin Gates et le Trésor des Templiers (2004), premier épisode de la saga déjà réalisée par Jon Turteltaub (auteur de comédies dans les années 90), la quête de l’aventurier interprété par Nicholas Cage était déjà comprise dans le titre. Maintenant, dans Benjamin Gates et le Livre des Secrets, la chasse au trésor va mener notre héros sur les traces de la franc-maçonnerie, de la Guerre de Sécession, d’une possible conspiration britannique contre les Etats Unis, pour aboutir enfin à un trésor aztèque d’une mystérieuse cité d’or. Ai-je oublié quelqu’un dans cette révision de l’Histoire ?
En effet, Gates tente d'innocenter son ancêtre, accusé (injustement bien entendu) d'avoir participé à l'assassinat du président Abraham Lincoln. L'enquête le conduit, lui et ses comparses, aux abords de la Seine à Paris, au cœur de Buckingham Palace à Londres, tout en passant par le bureau ovale de la Maison Blanche et le mont Rushmore. Bref, même si les destinations ne sont pas aussi exotiques que dans Indiana Jones, le spectateur moyen en aura pour son argent : dans Benjamin Gates, on voyage !
« Cela va nous mener au plus grand trésor de tous les temps ! » énonce à un moment Nicholas Cage, sans aucune ride, d’un ton hyper sérieux. On regrette les intonations désabusées et ironiques d’Harrison Ford ainsi que son inimitable sourire en coin. Car avouons-le : Benjamin Gates se prend trop au sérieux.
D’ailleurs, chose amusante, Benjamin Gates a aussi hérité des énigmes historico-fumeuses du Da Vinci Code (2006), Nicholas Cage s’amusant à jouer les profs de conférence avec rétroprojections comme Tom Hanks dans le film de Ron Howard.
On sourit lorsque Gates feuillette le livre secret de tous les présidents américains (contenant des révélations sur tous les grands mystères du pays) et explique à son partenaire qu’il est trop pressé et ne peut pas s’attarder sur le chapitre consacré à l’assassinat du président Kennedy. Justin Bartha (acteur de télé principalement), le « side-kick » de Nicholas Cage, sort deux ou trois vannes marrantes mais, dans l’ensemble, Benjamin Gates n’est pas très drôle.
Beaucoup d’éléments qui faisaient la réussite d’Indiana Jones manquent donc à son pauvre et lointain cousin. Non seulement la cocasserie a disparu, mais, en plus, le rythme de l’action est très mauvais (montage vraiment trop rapide) et, après une captivante première demi-heure, on décroche facilement. Le film paraît long et l’on en sort en soupirant, fatigué par le final d’effets spéciaux puant le numérique, qui ne vaut pas le moins du monde les tendres trucages des anciens Indiana Jones, manuels et artisanaux, complètement artificiels.
Enfin, on réalise que Benjamin Gates, avec ses courses-poursuites en grosses voitures noires et ses ordinateurs sophistiqués et ultramodernes, a perdu du charme en modernisant le côté rétro années 30 et exotique d’Indiana Jones. Jerry Bruckeimer a en fait pondu une grosse superproduction comme il sait si bien le faire et nous a modelé un Indiana Jones aseptisé. Produit par Disney, Benjamin Gates et le Livre des Secrets baigne même dans un esprit très familial.
La série des Indiana Jones était au contraire, non pas un film pour enfants, mais un film pour adolescents. En effet, le rythme de l’action des épisodes est épuisant et excitant et le deuxième épisode apparaît particulièrement sombre et violent (il fut interdit aux moins de 13 ans aux Etats-Unis lors de sa sortie). Dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue, on voyait d’ailleurs Indiana pousser un méchant vers un avion en marche et sa tête était décapitée dans une scène, certes non dénuée d’humour, mais somme toute, assez sanglante et brutale. Dans Benjamin Gates, on verra en aucun cas ce genre de chose.
Destiné à un large public, Benjamin Gates et le Livre des Secrets véhicule un état d’esprit rassurant, très américain. Il doit d’ailleurs être l’unique film du moment à présenter une figure positive d’un président en cette fin de mandat de George W. Bush. En effet, lors d’une scène rocambolesque, Gates prend en otage le président des Etats-Unis pour l’interroger afin de connaître l’emplacement confidentiel du fameux livre des secrets. Le séquestré agit avec complaisance, comprenant très bien que Gates soit prêt à tout pour laver l’honneur de son arrière-arrière grand-père qui a été insulté. Avec son titre original (National treasure), Benjamin Gates semble en effet être un film d’institution nationale, une marque d’état…
On regrette donc que beaucoup de stars se soient fourvoyées dans cette (més)aventure naïve. Ainsi, au casting du premier opus (l’allemande Diane Kruger en copine de Benjamin Gates, Harvey Keitel en flic admiratif et Jon Voight[1] en papa affectueux), s'ajoutent les noms d’Helen Mirren, ex-Queen, en maman érudite[2], et d’Ed Harris en rival glacial, vraiment très méchant.
Benjamin Gates et le Livre des Secrets est un petit divertissement sympathique mais qui fait peine à voir puisqu’il prouve par son succès commercial que le cinéma hollywoodien contemporain n’est qu’une machine à merde, recyclant et servant sans cesse les mêmes plats (en les modernisant tout de même) à un public débile, qui ne s’en lasse jamais. Mais une chose est sûre : Benjamin Gates n’a pas et n’aura jamais la saveur d’Indiana Jones. Pourtant, il est pratiquement certain que tôt ou tard Jon Turteldaube, euh Turteltaub pardon, va récidiver pour signer l’inévitable troisième aventure (incident, plutôt) de Benjamin Gates. Mais si l’aventure a un nom, cela restera à jamais celui d’Indiana Jones.
Dans Benjamin Gates et le Trésor des Templiers (2004), premier épisode de la saga déjà réalisée par Jon Turteltaub (auteur de comédies dans les années 90), la quête de l’aventurier interprété par Nicholas Cage était déjà comprise dans le titre. Maintenant, dans Benjamin Gates et le Livre des Secrets, la chasse au trésor va mener notre héros sur les traces de la franc-maçonnerie, de la Guerre de Sécession, d’une possible conspiration britannique contre les Etats Unis, pour aboutir enfin à un trésor aztèque d’une mystérieuse cité d’or. Ai-je oublié quelqu’un dans cette révision de l’Histoire ?
En effet, Gates tente d'innocenter son ancêtre, accusé (injustement bien entendu) d'avoir participé à l'assassinat du président Abraham Lincoln. L'enquête le conduit, lui et ses comparses, aux abords de la Seine à Paris, au cœur de Buckingham Palace à Londres, tout en passant par le bureau ovale de la Maison Blanche et le mont Rushmore. Bref, même si les destinations ne sont pas aussi exotiques que dans Indiana Jones, le spectateur moyen en aura pour son argent : dans Benjamin Gates, on voyage !
« Cela va nous mener au plus grand trésor de tous les temps ! » énonce à un moment Nicholas Cage, sans aucune ride, d’un ton hyper sérieux. On regrette les intonations désabusées et ironiques d’Harrison Ford ainsi que son inimitable sourire en coin. Car avouons-le : Benjamin Gates se prend trop au sérieux.
D’ailleurs, chose amusante, Benjamin Gates a aussi hérité des énigmes historico-fumeuses du Da Vinci Code (2006), Nicholas Cage s’amusant à jouer les profs de conférence avec rétroprojections comme Tom Hanks dans le film de Ron Howard.
On sourit lorsque Gates feuillette le livre secret de tous les présidents américains (contenant des révélations sur tous les grands mystères du pays) et explique à son partenaire qu’il est trop pressé et ne peut pas s’attarder sur le chapitre consacré à l’assassinat du président Kennedy. Justin Bartha (acteur de télé principalement), le « side-kick » de Nicholas Cage, sort deux ou trois vannes marrantes mais, dans l’ensemble, Benjamin Gates n’est pas très drôle.
Beaucoup d’éléments qui faisaient la réussite d’Indiana Jones manquent donc à son pauvre et lointain cousin. Non seulement la cocasserie a disparu, mais, en plus, le rythme de l’action est très mauvais (montage vraiment trop rapide) et, après une captivante première demi-heure, on décroche facilement. Le film paraît long et l’on en sort en soupirant, fatigué par le final d’effets spéciaux puant le numérique, qui ne vaut pas le moins du monde les tendres trucages des anciens Indiana Jones, manuels et artisanaux, complètement artificiels.
Enfin, on réalise que Benjamin Gates, avec ses courses-poursuites en grosses voitures noires et ses ordinateurs sophistiqués et ultramodernes, a perdu du charme en modernisant le côté rétro années 30 et exotique d’Indiana Jones. Jerry Bruckeimer a en fait pondu une grosse superproduction comme il sait si bien le faire et nous a modelé un Indiana Jones aseptisé. Produit par Disney, Benjamin Gates et le Livre des Secrets baigne même dans un esprit très familial.
La série des Indiana Jones était au contraire, non pas un film pour enfants, mais un film pour adolescents. En effet, le rythme de l’action des épisodes est épuisant et excitant et le deuxième épisode apparaît particulièrement sombre et violent (il fut interdit aux moins de 13 ans aux Etats-Unis lors de sa sortie). Dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue, on voyait d’ailleurs Indiana pousser un méchant vers un avion en marche et sa tête était décapitée dans une scène, certes non dénuée d’humour, mais somme toute, assez sanglante et brutale. Dans Benjamin Gates, on verra en aucun cas ce genre de chose.
Destiné à un large public, Benjamin Gates et le Livre des Secrets véhicule un état d’esprit rassurant, très américain. Il doit d’ailleurs être l’unique film du moment à présenter une figure positive d’un président en cette fin de mandat de George W. Bush. En effet, lors d’une scène rocambolesque, Gates prend en otage le président des Etats-Unis pour l’interroger afin de connaître l’emplacement confidentiel du fameux livre des secrets. Le séquestré agit avec complaisance, comprenant très bien que Gates soit prêt à tout pour laver l’honneur de son arrière-arrière grand-père qui a été insulté. Avec son titre original (National treasure), Benjamin Gates semble en effet être un film d’institution nationale, une marque d’état…
On regrette donc que beaucoup de stars se soient fourvoyées dans cette (més)aventure naïve. Ainsi, au casting du premier opus (l’allemande Diane Kruger en copine de Benjamin Gates, Harvey Keitel en flic admiratif et Jon Voight[1] en papa affectueux), s'ajoutent les noms d’Helen Mirren, ex-Queen, en maman érudite[2], et d’Ed Harris en rival glacial, vraiment très méchant.
Benjamin Gates et le Livre des Secrets est un petit divertissement sympathique mais qui fait peine à voir puisqu’il prouve par son succès commercial que le cinéma hollywoodien contemporain n’est qu’une machine à merde, recyclant et servant sans cesse les mêmes plats (en les modernisant tout de même) à un public débile, qui ne s’en lasse jamais. Mais une chose est sûre : Benjamin Gates n’a pas et n’aura jamais la saveur d’Indiana Jones. Pourtant, il est pratiquement certain que tôt ou tard Jon Turteldaube, euh Turteltaub pardon, va récidiver pour signer l’inévitable troisième aventure (incident, plutôt) de Benjamin Gates. Mais si l’aventure a un nom, cela restera à jamais celui d’Indiana Jones.
24.08.08.
[1] Si l’on réfléchit bien, on peut constater que John Voight est déjà en quelque sorte parent d’une autre copie d’Indiana Jones. C’est en effet le père d’Angelina Jolie, seule actrice à avoir incarné avec la série des Lara Croft, un pendant féminin du célèbre archéologue inventé par Georges Lucas. Cependant, John Voight ne jouait pas dans ces films-là.
[2] En rajoutant le personnage de la mère, les auteurs du film tentent comme dans les Indiana Jones de jouer sur les relations familiales.