mercredi 7 août 2013

Les Enfants du Siècle (1999) de Diane Kurys

Un drame romantique. Célèbre pour ses films autobiographiques et générationnels (Diabolo Menthe, 1977; Cocktail Molotov, 1979), la réalisatrice Diane Kurys transpose à l'écran avec Les Enfants du Siècle la relation mouvementée entre George Sand et Alfred de Musset[1]. Le film s'apparente à un drame romantique, dans tous les sens du terme. Tout d'abord, le film retrace la romance conflictuelle entre les deux écrivains, relation composée de rires et de larmes, de disputes et de retrouvailles, d'amour et de haine. Ensuite, le film recrée l'atmosphère de la période romantique en évoquant les salons littéraires parisiens et les personnalités de l'époque (Delacroix, Sainte-Beuve, Franz Liszt, l'éditeur François Buloz ou encore le critique littéraire Gustave Planche...). On pourrait ainsi voir Les Enfants du siècle comme le Diabolo menthe du romantisme, c'est-à-dire le film rétrospectif, lyrique d'une génération.
 
Diane Kurys signe un film très sincère et premier degré, porté par acteurs aussi sérieux que convaincants (Benoît Magimel et Juliette Binoche). Lyrique, la musique de Luis Bacalov est plus hollywoodienne (violons) que romantique (pas de "chopinade" pianistique). Visuellement, le film est très soigné (costumes et décors) et renvoie à la peinture du XVIIIème et XIXème siècles (le Venise de Canaletto, les portraits d'Ary Scheffer). Face à une reconstitution un peu coincée, une approche un peu érotisante de la romance décoince le film et le rend plus sulfureux.
 
Pour Sainte-Beuve. Comme de nombreux films biographiques sur des artistes, Les Enfants du Siècle semble pleinement assimiler la théorie du critique Sainte-Beuve (incarné dans le film par Denys Podalydès) à savoir qu'il explique les œuvres par la personnalité des auteurs. Ici, l'œuvre romantique de Sand ou de Musset n'est que le reflet de leur vie amoureuse tourmentée. A noter que dans la présentation du couple, la sympathie de la réalisatrice Diane Kurys penche du côté de George Sand, amoureuse patiente, face à un Musset colérique, infidèle et fumeur d'opium.
 
12.07.13.
 


[1] La relation entre George Sand et Frédéric Chopin, un autre amant de l'écrivaine, avait elle déjà été le sujet de A Song to Remember (1945) de Charles Vidor, de La Note bleue (1990) d'Andrzej Zulawski et de Impromptu (1991) de James Lapine.