jeudi 1 novembre 2012

Profumo di Donna / Parfum de Femme (1974) de Dino Risi

 
            Drôle d'idée que de faire un film sur ceux qui ne voient pas. Centré sur le personnage de non-voyant, Parfum de femme se refuse de présenter les aveugles comme des personnages pathétiques envers lesquels le spectateur devrait porter un regard de compassion.
            Au contraire, Fausto, capitaine de cavalerie ayant perdue la vue lors de manœuvres militaires, est un homme aigri, grincheux et même salace. Egoïste, il se soucie peu des autres; arrogant, il prétend que sa cécité n'est nullement un handicap. Il s'avère également autoritaire avec Cicio, le jeune garçon qui l'aide à descendre en bas de la botte italienne, et déplaisant avec Sara, la seule personne qui l'ai jamais vraiment aimé. Le prénom même du personnage insiste sur l'aspect maléfique du personnage, peint sous un angle négatif. Inversant la présentation habituelle des aveugles, Parfum de femme demeure néanmoins la tragédie d'un homme malheureux qui peine à avouer sa faiblesse et sa peur.
            Derrière le personnage despotique se cache un homme fissuré, qui peine à accepter l'amour d'une femme qu'il ne veut pas asservir. Parfum de femme réemploie finalement le poncif récurent du cinéma américain classique: malgré leur cécité, les aveugles voient, perçoivent les choses, les humains et leurs émotions. Les aveugles voient les âmes, sentent les parfums, savourent la musique. Plus que de l'éveil de leur sensation, la cécité leur permet d'accéder à une forme de vérité.
            Servi par la prestation sensible de ses acteurs (Vittorio Gassman et la belle Agostina Belli) ainsi par que la musique lyrique et nostalgique d'Armando Trovajoli, la mise en scène de Dino Risi dans le tragi-comique Parfum de femme privilégie l'émotion qui, quarante ans après, reste intacte.
 
13.10.2012.