jeudi 1 novembre 2012

Wrong (2012) de Quentin Dupieux

 
            Après Steak (2007), comédie déjantée avec Eric et Ramzy, et Rubber (2010), portrait d'un pneu tueur, Wrong est le troisième film de Quentin Dupieux alias Mr. Oizo, DJ et musicien d'électro. S'inscrivant dans la droite lignée des deux précédents films de Dupieux, Wrong poursuit un même humour absurde et surréaliste, où le non-sens est roi.
            Wrong narre l'histoire de Dolph, un trentenaire banal et un peu effacé, qui constate un beau matin la disparition de son chien, Paul. Dolph voue à son clébard un amour considérable: il réagit à sa perte comme s'il perdait sa femme. Le comportement disproportionné de Dolph apparaît comme l'évènement déclencheur de ce film insolite.
            Les personnages secondaires et les péripéties annexes sont tout aussi étranges: le responsable de la disparition du chien semble être Master Chang qui, malgré son nom, n'a rien d'asiatique; Victor, le jardinier de Dolph, découvre que les palmiers qu'il fait pousser se transforment en sapins; une livreuse de pizzas quitte brusquement son ménage pour emménager chez Dolph alors qu'un détective scatophile se lance à la recherche du chien.
            On l'aura compris, le film de Dupieux porte bien son titre: dans chaque scène, il y a toujours "something wrong", quelque chose qui cloche. Situé (et tourné) comme Rubber aux Etats-Unis, Wrong, dans le paysage d'une banlieue aseptisée et normalisée,  questionne la normalité dans la société contemporaine. Le rire du spectateur se mélange toujours avec un sentiment de peur vis-à-vis de l'anormal: un silence ou un bruit, un visage ou une anomalie, un petit rien peut faire basculer le commun dans l'incongru.
            Dolph semble être une victime, un homme lambda qui voit son quotidien chavirer en un instant. Pourtant, tout ce que veut Dolph, c'est retrouver son chien, c'est-à-dire vivre une existence simple, "normale", sans problème. Lorsque son réveil passe de 7h59 à 7h60, son cauchemar prend l'allure d'une persécution: alors qu'il est licencié depuis longtemps, Dolph continue à se rendre à son bureau, comme pour rester dans la norme. Les salariés sont eux plus surpris par la présence de Dolph au travail que par les torrents continus de pluie qui sévissent à l'intérieur même des murs... Le bizarre ne serait donc qu'une notion subjective, au fond synonyme d'"anormalité".
 
22.09.2012.