jeudi 1 novembre 2012

The Way We Were / Nos plus belles Années (1973) de Sidney Pollack

           
            A la façon de Nous nous sommes tant aimés (1974) d'Ettore Scola, Nos plus belles années est le portrait tendre et nostalgique d'une certaine génération: il s'agit d'une exploration mélodramatique des relations amoureuses et des choix politiques. Chez Pollack comme chez Scola, la désillusion finit par gagner le couple et la politique, les liaisons et l'engagement se mêlent, s'imbriquent l'un dans l'autre.
            Nos plus belles années scelle la rencontre d'un couple que tout oppose. Cheveux blonds resplendissants et yeux bleus limpides, Robert Redford  incarne le WASP par excellence: son personnage d'Hubbell, étudiant insouciant, play-boy désinvolte, est une personnification de l'Amérique à qui tout sourit. Cheveux bouclés et accent juif new-yorkais prononcé, Barbra Streisand représente le strict inverse: elle interprète Cathie, une ardente militante communiste et pacifiste, l'Amérique qui dérange. Filmée avec un sens du romantisme, l'union de ces deux individus que tout sépare s'avère impossible. Mais ces années (1937-1950) ironiquement qualifiéers de "belles" par le titre français verront la séparation du couple et confrontera Hubbell et Cathie aux grands événements historiques: la guerre de 40, le maccarthysme et enfin le spectre d'une guerre nucléaire.
            La subtilité du scénario d'Arthur Laurents[1] réside ainsi dans la volonté de ne jamais éluder le contexte politique et social, placé au même plan que l'intrigue amoureuse. Nos plus belles années n'en demeure pas moins un mélodrame conventionnel. Tout d'abord, le film est servi par une musique lyrique de Marvin Hamlisch qui fera sa célébrité. Ensuite, la caméra de Pollack filme les deux stars au plus près et avec attention. A la limite du "soap opera", Nos plus belles années n'a pas peur d'avoir recours à quelques motifs clichés tel le ralenti, la construction passéiste du récit avec le flash-back ou encore la scène attendue de ballade du couple au bord de la plage. Mais ces moyens discutables sont à l'image du film: sincère, épique et mystificateur.
 
26.09.2012.


[1] Le scénario de Nos plus belles années est inspiré par les expériences personnelles de son auteur Arthur Lorens, scénariste, entre autres, de La Corde (1948) d'Alfred Hitchcock, de La Fosse aux serpents (1948) d'Anatole Litvak ou encore de West Side Story (1961) de Robert Wise.