lundi 29 avril 2013

Memoirs of a Geisha / Mémoires d'une Geisha (2006) de Rob Marshall

 

Après Chicago (2002), Mémoires d'une Geisha est le deuxième film de Rob Marshall, ancien metteur en scène de musicals à Broadway. Comme les futurs Nine (2009) et Pirates des Caraïbes et la fontaine de la Jouvence (2011), Mémoires d'une Geisha est marqué par le passé de Marshall qui signe des films dominés par la musique, la couleur et le mouvement. 

Mémoires d'une Geisha narre la vie d'une geisha dans le Kyoto des années 1930-1940. Le film exploite complètement le mythe de la geisha dans l'imaginaire collectif: la geisha n'est pas une vulgaire prostituée mais une courtisane distinguée. Comme le montre le film, les geisha sont souvent élevées dès leur plus jeune âge (elles sont vendues par leur famille, souvent provinciale) à devenir de "vraies" femmes. Adapté d'un roman réputé pour le sérieux de sa documentation, le film rentre également dans les détails de la vie de la geisha: elle habite dans une maison dite "okya" et perd sa virginité lors d'une mise en enchère de sa défleuraison dite "mizuague". En ce sens, le récit de Mémoires d'une Geisha est initiatique.

La première partie du film de Marshall est donc consacrée à la "création" de la geisha, qui apprend à se tenir, à danser, à se maquiller ou à faire la conversation. Dans les dialogues, on rappelle l'étymologie du mot geisha qui signifierait "artiste". La geisha participe à la création d'un monde merveilleux, beau et artificiel, idée soulignée par la reconstitution très hollywoodienne et en studios du Japon de l'époque.  

La seconde partie du film voit la geisha tomber amoureuse d'un notable. Mais l'amour et les sentiments sont interdits pour la geisha. De plus, la guerre vient séparer les protagonistes et vient mettre fin, un temps, à la vie de geisha du personnage principal. Il s'agit donc pour l'héroïne de retrouver ses talents et de conquérir l'homme qu'elle aime. La guerre, évènement historique et dramatique, apparaît comme le cadre d'une fresque épique où le destin individuel se confond avec celui d'une nation: l'ampleur de l'histoire (qui se déroule sur plus de 20 ans), la durée (2h30) et le budget du film ainsi que la mise en scène mouvante de Rob Marshall contribuent également à l'élaboration d'un récit épique, d'une fresque grandiose. 

Visuellement, le film est un véritable bijou et on sent que chaque décor, chaque kimono a été travaillé. Aidé par des effets spéciaux, Mémoires d'une Geisha reconstitue un Japon paradoxalement vériste (l'histoire est documentée) et inventé (reconstitution en studio du Japon de l'avant-guerre). Marshall a fait appel à des actrices chinoises pour interpréter les geishas: on est d'ailleurs plus proche visuellement d'un cinéma hongkongais sur-esthétisé que du cinéma japonais. L'artifice hollywoodien est donc total et le mythe de la geisha, réactivé.

13.04.13.