samedi 8 décembre 2012

Tellement Proches (2009) d'Eric Toledano et Olivier Nakache


Avant le triomphe des Intouchables (presque vingt millions de spectateurs en 2011), le duo de réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache avait déjà connu un certain succès avec Tellement proches (781 715 entrées). 


Un film sur la famille pour la famille. Tellement proches semble avant tout assez caractéristique d'une certaine tendance du cinéma français contemporain, la comédie française autour de la famille. En effet, le film est centré sur les relations familiales entre les couples de trois sœurs. Alain, ancien moniteur du Club Med, méprise la belle famille de son épouse Nathalie:  Catherine, la mère obsédée par la réussite de son enfant en bas âge et son mari Jean-Pierre, un pathétique avocat commis d'office; Roxanne, une hystérique qui a jeté son dévolu sur un jeune médecin noir. Pour Alain, cette belle famille, composée d'individus aux caractères différents, est envahissante. 

A travers le regard d'Alain, les réalisateurs nous proposent donc dans un premier temps la vision d'une famille tiraillée et en décomposition. Le titre du film souligne ironiquement ce constat. Cependant, malgré les guerres internes et les dissensions, la famille va se souder au fil du temps et des épreuves: les liens de parenté vont se doubler d'un sentiment de solidarité. La critique des maux de chaque personnage (Alain est un père qui n'a jamais grandi, Catherine s'avère un peu psychorigide, Jean-Pierre est un faux snob...) évolue vers un regard attentionné qui finit par nous faire aimer les personnages malgré (à cause de ?) leurs défauts. 

La comédie chatoie souvent le drame (pathétique de certains protagonistes) mais l'esprit reste donc bon enfant. Tellement proches est la manifestation d'un cinéma français sensible aux petits détails, particulièrement bien écrit en ce qui concerne les dialogues et les personnages. Le côté conventionnel s'illustre par des idées bien pensantes: la réunion de la famille décomposée, la critique du racisme à travers le personnage du médecin noir, le personnage de l' "adulescent" qui va devenir père en quittant l'enfance...
 

Radioscopie de la France des années 2000. Tellement proches met en scène les différentes classes sociales de la société française du début du millénaire: face à la famille de l'avocat, qui flirte avec la bourgeoisie et qui met leur enfant dans une école privée (juive parce qu'elle a de bons résultats au baccalauréat !), Alain, le fils de coiffeur, est moniteur à l'auto école et sa femme travaille dans une épicerie. Bruno, le médecin noir, illustre une ascension sociale qui doit lutter contre les préjugés. La caméra bien-pensante des réalisateurs nous présente donc une France de la diversité, de la mixité où les différentes classes sociales cohabiteraient. 

Inscrit dans un décor parisien, Tellement proches nous donne à voir un reflet de notre quotidien. Les décors sont ceux communs des appartements de la capitale, de la banlieue, de l'autoroute et des supermarchés. Quant aux personnages, on a tous, un jour ou l'autre, rencontré leurs équivalents dans la vie. Le film se clôt sur la scène d'un théâtre, où Lucien, le fils d'Alain et de Catherine, devenu comédien, remercie toute sa famille, qui se trouve dans la salle, pour l'avoir inspiré pour son one man show. Dans ce final maladroit qui trahit le caractère autobiographique du film (péché mignon du cinéma français), on comprend que la justesse du film tient à son sentiment de vécu. 

Si le film nous parle tant, c'est bien parce que les personnages sont "tellement proches" de nous. Le cinéma de ce type révèle les dysfonctionnements de la société afin de nous montrer que nous partageons tous la même expérience (cf. la série Bref ou les chansons de Bénabar): la finalité dernière illustre un désir de normalité, de conformisme.
 

02.12.12.