samedi 8 décembre 2012

The Eye of The Needle / L'Arme à l'Œil (1981) de Richard Marquand



De nos jours, Richard Marquand, réalisateur britannique mort prématurément en 1987 (à l'âge de 49 ans), n'est resté dans les annales que pour avoir signé la mise en scène du Retour du Jedi (1983), dernier épisode de la sage des Star Wars. Issu d'une famille d'hommes politiques (son père et son frère étaient députés travaillistes au Parlement), Richard Marquand commence sa carrière à la fin des années 60 en tournant des documentaires pour la BBC. Après un film d'horreur (The Legacy, 1979), Marquand tourne L'Arme à L'Œil, adaptation d'un des premiers best sellers de Ken Follett. C'est ce film, un thriller d'espionnage, qui retiendra l'attention de Georges Lucas pour l'embaucher afin de clore la série de La Guerre des Etoiles. 

Comme Le code Rebecca (1980), autre roman de Ken Follett[1], L'Arme à l'Œil prend comme personnage principal un espion nazi. Fidèle soldat de l'amiral Canaris, Henry Faber, alias "l'aiguille", est infiltré en Angleterre pour se renseigner sur le déroulement du prochain débarquement des alliés en France. Il découvre la supercherie de l'opération Fortitude, destinée à faire croire aux Allemands que l'invasion se fera dans le Pas-de-Calais. Détenant l'information capitale que le débarquement aura lieu en Normandie, l'aiguille, recherché par le contre-espionnage anglais, tente de rejoindre sur la côte un sous-marin qui le ramènera en Allemagne. Trahi par la météo, il échoue sur une petite ile écossaise où vit une femme avec son mari handicapé. 

Bien que son personnage principal soit un espion, L'Arme à l'Œil n'exploite pas vraiment la sémantique classique du film d'espionnage à savoir le monde froid, le jeu de dupes où chacun n'est qu'une pièce dérisoire d'un échiquier géant. Pas de gadget non plus: on n'est pas plus chez John Le Carré que chez Ian Fleming. Au contraire, Marquand privilégie constamment l'action et le suspense: l'aiguille va être reconnue ? Va-t-elle être capturée ? Va-t-elle parvenir à rejoindre ses contacts allemands ? Va-t-elle tuer les différents membres de la famille qui l'accueille ? 

Marquand joue sur les codes du thriller. Interprété par un Donald Sutherland en grande forme, l'aiguille est un personnage mystérieux et solitaire qui doit son surnom à son habitude de tuer ses ennemis à l'arme blanche. Le film n'hésite pas à rentrer dans la violence et l'érotisme: l'aiguille vit une relation avec l'épouse frustrée par son mari cul-de-jatte et ronchon. L'ile apparait comme le lieu ultime du thriller: il s'agit d'un lieu clos et coupé du monde. Tout finira dans une course-poursuite vers un phare où l'aiguille s'opposera à sa maitresse dans une lutte acharnée, de nuit, sous l'orage, dans un climax non éloigné du film d'horreur. Le spectateur se surprend à vouloir que Faber le nazi réussisse sa mission mais anticipe son échec en raison de la connaissance de l'Histoire.  

Un peu gâché par la musique ronflante de Miklos Rosza, L'Arme à l'Œil séduit par son approche assez singulière du genre. De plus, la mise en scène de Marquand et les moyens conséquents dont il dispose font de L'Arme à l'Œil un spectacle d'une qualité certaine. 

16.11.12.


[1] Le Code Rebecca a également fait l'objet d'une adaptation cinématographie en 1985 par David Hemmings.