jeudi 26 décembre 2013

Un Singe en Hiver (1962) d'Henri Verneuil

 
Après Le Président (1960) et Mélodie en sous-sol (1962), Un Singe en Hiver marque la troisième collaboration du trio formé par le réalisateur Henri Verneuil, le comédien Jean Gabin et le scénariste Michel Audiard. Le film marque également la rencontre entre deux générations de comédiens: d'un côté, Jean Gabin, célèbre représentant du cinéma dit de la "qualité française", et de l'autre, Jean-Paul Belmondo, jeune visage de la Nouvelle Vague.
 
Plus qu'une confrontation, la réunion se transforme en une sorte d'osmose, Belmondo s'inscrivant dans la filiation du jeu confiant et parfois cabotin de Gabin. Bebel, toréador perdu loin des arènes de Madrid, et Gabin, ancien soldat de la légion étrangère reconverti en hôtelier dans une petite ville balnéaire, se lient d'amitié lors de soirées très arrosées. Mais le film, adaptation d'un roman d'Antoine Blondin, écrivain hussard et alcoolique notoire, est moins l'histoire d'ivrognes que la réunion mélancolique de vieux baroudeurs qui rêvent de leur gloire passée.
 
A l'image de la musique de Michel Magne (un blues à l'harmonica qui suit une musique chinoise, réminiscence du passé de Gabin), Un Singe en Hiver peut être aussi drôle que triste, amer: dans le morne village de Normandie, on boit pour oublier, on rêve de Chine et d'Espagne, de jonques et de corridas. Comme ailleurs n'existe plus, nos deux compagnons de boissons se lancent dans une dernière aventure, une dernière farce, une grande explosion sur la plage. Le plan final du film sera celui d'un Jean Gabin délaissé, seul sur un quai de gare, avant qu'il ne reprenne sa vie moribonde. Derrière la comédie, le film de Verneuil décèle en réalité un drame, celui du singe en hiver, c'est-à-dire l'histoire de l'homme qui n'est plus de son temps.
 
10.11.13.