Après L’Inspecteur Harry (1971) et Tuez Charley Varrick (1973), deux polars qui confortent la naissance de la veine, Don Siegel s’envole pour Angleterre tourner Contre Une Poignée de Diamants. Le film oscille entre le thriller (le fils de Michael Caine est kidnappé) et le film d’espionnage (Caine travaille pour un MI5 dont la sécurité a été infiltrée par une taupe liée aux ravisseurs).
Le style de Siegel, influencé par les méthodes de la télévision, s’avère efficace. Le réalisateur utilise par exemple des ellipses temporelles qui permettent que, d’un plan à l’autre, Caine se retrouve de Londres à Paris. La narration ne s’embarrasse pas de fioritures et ne s’attarde pas sur des détails. Ainsi, Delphine Seyrig disparaît aussi vite qu’elle est apparue et le récit se clôt avec une rapidité remarquable : on n’aura le droit ni à un long affrontement avec le méchant ni à une conclusion classique où Caine retrouve sa femme ou bien son supérieur (joué par un Donald Pleasance obséquieux).
Le scénario, brouillon et alambiqué, satisfait beaucoup moins. En effet, le plan compliqué des méchants paraît bien incohérent: pourquoi par exemple se déguisent-ils au début en militaires pour kidnapper le fils de Caine et pourquoi font-ils exploser des camions sur l’autoroute ? Enfin, comme pour sombrer volontairement dans le bas de gamme, Contre une poignée de Diamants souffre de se vouloir James Bond : les bureaux du MI5 (où réside une simili Money Penny) sont cachés derrière les murs d’une salle de vente aux enchères tandis qu’un simili Q remet entre les mains de Caine un gadget ridicule (une mallette qui tire !).
Si la mise en scène est bien mise au service du récit, on aurait donc tout de même préféré que le scénario soit un peu plus consistant. On reste néanmoins très heureux de revoir la bouille de Michael Caine et de découvrir une nouvelle BO groovy de Roy Budd. Voilà finalement un film vite oubliable mais assez sympathique.