samedi 25 août 2012

The Bank Job / Braquage à l'anglaise (2007) de Roger Donaldson

 
            The Bank Job est sorti en France sous le titre de Braquage à l'anglaise, dans une logique d'exploitation du succès Braquage à l'italienne (2003) de F. Gary Gray dont il partage le genre (le film de casse) et l'une des vedettes (Jason Statham). En fait, Braquage à l'anglaise marche avant surtout sur les pas de cinéma de Guy Ritchie. Le film bénéficie de surcroit d'un scénario inventif et d'une réalisation énergique.
 
 
            Braquage à l'anglaise met en scène l'histoire de cinq malfrats qui décident de cambrioler une banque à Londres dans les années 70. Il prend l'apparence d'un film de casse classique avec la préparation méticuleuse du coup, son déroulement et ses suites. Servi par un montage énergique et la mise en scène "punchy" de Roger Donaldson, vieux routier du film d'action, Braquage à l'anglaise répond aux exigences d'un film de genre rudement bien mené.
            La bande de voyous qui nous est ici présentée est héritière de celles des films de Guy Ritchie comme Arnaques, Crimes et Botanique (1998) ou Snatch (2000), dans lesquels jouait déjà Jason Statham. Ces petites frappes attirent la sympathie du spectateur par leur camaraderie et leur pathétique : le leader, qui revend des voitures volés, s’associe avec un acteur porno, un photographe à la manque, un mécanicien roublard ou encore un vieux "major" old-fashioned.
Comme dans Arnaques, Crimes et Botanique, les compères vont être dépassés par les évènements et vont voir beaucoup de monde tourner autour de leur butin. Le Londres populaire et ordurier, une touche de cynisme et de violence ainsi que la bande-son rock de Braquage à l'anglaise sont encore autant de points communs avec le cinéma criminel de Guy Ritchie.
 
            La valeur ajoutée de Braquage à l'anglaise réside surtout dans son cadre historique. En effet, le film s'inspire d'un authentique cambriolage qui s'est déroulé en 1971. A l'époque, la presse britannique fut interdite de publication par une "D notice"[1] émise par le gouvernement britannique ce qui peut étonner au regard de la nature de l'infraction, un simple vol. C'est la raison pour laquelle des théories les plus diverses sont nées autour de ce fameux casse.
            Le scénario de Braquage à l'anglaise mélange fiction et réalité en associant le casse avec des obscurs évènements de l'Angleterre des seventies: l'existence de possibles photographies compromettantes pour la princesse Margareth (et ses relations sulfureuses sur l'ile Moustique) et pour plusieurs membres du Parlement (ce qui aurait conduit à des démissions), ainsi que les actions de Michael X, activiste de Trinité et Tobago qui prônait le Black power à Londres et qui a été pendu pour l'assassinat de Gale Benson, la fille d'un député conservateur.
            Braquage à l'anglaise prétend révéler la réalité sur le casse et le flou qui l'entoure permet de rendre crédible l'hypothèse que les scénaristes proposent. La version présentée explore les sombres dessous de la monarchie britannique. Le film s’aventure dans la théorie du complot et le thriller paranoïaque, sous entendant que les services secrets britanniques auraient commandité le casse....
 
 
            Le cadre seventies de Braquage à l'anglaise s'avère plus qu'un simple paysage rétro et "stylé": au contraire, le scénario malin en profite pour explorer quelques mystères de l'histoire anglaise de l'époque. Cela permet à Braquage à l'anglaise, film de casse conventionnel, de se doter d'une petite originalité.  
 
12.08.2012.


[1] En Grande-Bretagne, une "DA-Notice" (abréviation de "Defence Advisory Notice"), aussi appelée une "D-Notice" jusqu'en 1993, est une demande du gouvernement britannique auprès des éditeurs de ne pas publier ou de ne pas diffuser d'informations à propos de certains sujets en raison de la défense de la sécurité nationale.